On the Money

 

Évolution des énergies renouvelables

25 novembre 2020

Jennifer Stevenson, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, donne son point de vue sur la demande grandissante pour les énergies renouvelables à l’échelle planétaire. Elle explique comment la transformation du discours sur les changements climatiques, qui a la faveur des gouvernements et de la population, modifie la manière dont les entreprises exercent leurs activités. (Traduction française de la transcription à venir)

PARTICIPANTS

Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique

Jennifer Stevenson
Vice-présidente et gestionnaire de portefeuille

PRÉSENTATION

Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.

Bienvenue à un nouvel épisode de la série On the Money de Fonds Dynamique. On dit que chaque défi important donne lieu à une occasion encore plus grande. Bien que les changements climatiques engendrent de graves menaces environnementales, la recherche de sources d’énergie renouvelable entraîne aussi des occasions de placement sans précédent. La transition des carburants fossiles aux énergies renouvelables constitue sans aucun doute l’un des événements les plus importants du nouveau millénaire, tant pour les investisseurs que pour la planète. Elle est par ailleurs amplifiée par la situation dans laquelle nous nous trouvons, mondialement, en ce moment.

Cette transition soulève d’importantes questions : Quel sera l’effet des changements de comportements? Les gens reprendront-ils leurs anciennes habitudes? La production d’énergies renouvelables et durables s’accélérera-t-elle? Qu’adviendra-t-il de la demande d’énergie maintenant que le monde émerge de la COVID-19 et des restrictions qu’elle a imposées?

Les discussions sur l’énergie renouvelable ne sont certainement pas nouvelles pour mes deux invités d’aujourd’hui et du prochain épisode qui, en tant que gestionnaires de portefeuilles de l’énergie et des infrastructures, surveillent de près l’évolution de ce secteur. Nous parlerons avec eux du contexte actuel, de leur point de vue sur les occasions que cette grande transition peut offrir et de la façon dont cela se traduira dans le nouveau mandat qu’ils cogèreront, le Fonds évolution énergétique Dynamique. Ma première invitée est établie à Calgary, en Alberta, au cœur du secteur canadien de l’énergie. Elle entretient des liens étroits avec la direction des entreprises dans lesquelles elle investit et se rend régulièrement dans d’autres régions importantes qui sont des plaques tournantes de ce segment du marché.

Jennifer Stevenson possède près de trois décennies d’expérience. Elle adopte une approche mondiale pour ratisser très large, de manière à dénicher des sociétés de la plus grande qualité qui sont dirigées de main de maître et qui ont un modèle d’entreprise viable à long terme. L’engagement de Jennifer à gérer activement les portefeuilles sous sa gouverne et sa vaste expérience lui permettent de tirer parti de la complexité inhérente du secteur énergétique pour investir dans divers segments de la chaîne d’approvisionnement mondiale, y compris les énergies renouvelables et l’hydrogène.

Jennifer, nous sommes heureux de vous accueillir aujourd’hui pour parler de la transition énergétique à l’échelle mondiale. Avant de nous plonger pleinement dans la discussion sur les énergies renouvelables, j’aimerais parler avec vous des perspectives à long terme de la demande énergétique. En général, les marchés développés affichent une croissance relativement faible de la demande, alors que les pays en développement, comme l’Inde et la Chine, en représentent la plus grande partie. Compte tenu de la demande actuelle, quelle est la différence entre les perspectives de croissance des énergies renouvelables dans les marchés développés et en développement?

Jennifer Stevenson : Il s’agit en effet d’un aspect fondamental, Mark. Nous ne voulons pas perdre de vue le fait que la demande continue de croître. Nous avons constaté au fil du temps qu’elle est alimentée par la croissance de la population, par l’amélioration du niveau de vie et par l’intensification de l’activité économique, essentiellement du côté des pays en développement. Bien entendu, la demande a reculé à cause de la COVID, mais elle a récupéré une bonne partie du terrain perdu.

Si l’on compare les pays développés et ceux en développement au chapitre de l’énergie renouvelable, on constate que par le passé, dans les nations développées membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Amérique du Nord, Europe et Japon), l’énergie a plutôt fait du surplace. L’efficacité énergétique a permis de répondre aux besoins liés à la croissance de l’activité économique.

Or, les énergies renouvelables commencent maintenant à remplacer les combustibles fossiles. Elles affichent donc une progression, alors que les combustibles fossiles présentent un léger recul lorsqu’on regarde à plus long terme.

Dans certains pays émergents, le développement est rapide, comme c’est certainement le cas en Chine et en Inde, dont vous avez parlé plus tôt. Nous y remarquons cependant une croissance tant de l’énergie dérivée des combustibles fossiles que de l’énergie renouvelable, cette dernière ayant néanmoins une trajectoire plus prononcée.  

Mark Brisley : C’est intéressant! Évidemment, chez nous au Canada, une occasion de cette importance aura des effets. À votre avis, quelles seront les retombées de cette transition sur l’économie locale, en particulier sur celle de l’Alberta, qui est fortement liée au pétrole? Comment les investisseurs perçoivent-ils ce thème qui gagne du terrain?

Jennifer Stevenson : Les Albertains, comme tous les autres habitants de la planète, sont très préoccupés par les changements climatiques, par l’atténuation de ce phénomène et par le besoin de veiller à la santé tant de l’économie que de l’environnement. Ils voient tout cela comme positif. Quand ils comparent le pétrole canadien produit par exemple en Alberta, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan à celui d’ailleurs dans le monde, ils trouvent que le baril canadien fait meilleure figure, quelles que soient les mesures environnementales, sociales et liées à la gouvernance dont on tient compte. Il faut cependant préciser ce que ça veut dire.

Ici, le gaz naturel est vu comme un combustible en croissance. On le considère comme un carburant de transition vers les énergies renouvelables à long terme. Les Albertains l’acceptent et ils en sont fiers. Or, l’Alberta, qui est aussi un lieu d’entrepreneuriat, a des projets d’hydroélectricité par pompage en cours, qu’elle utilise pour pallier l’irrégularité des énergies renouvelables. Elle a aussi mis en œuvre des projets éoliens et solaires. De plus, le premier ministre a annoncé la semaine dernière que la province envisageait des projets micronucléaires à petite échelle et d’autres initiatives à l’avant-garde des énergies renouvelables.

Mark Brisley : Vous investissez dans l’énergie depuis longtemps et avez toujours privilégié la qualité et les modèles d’entreprise durables. Cependant, faire le saut vers les énergies renouvelables, en collaboration avec Frank, en lançant un mandat axé uniquement sur ce segment paraît assez audacieux et révélateur de vos convictions à l’égard de ce secteur. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a influencé votre point de vue au cours des dernières années et vous a incité à vous lancer maintenant?

Jennifer Stevenson : On peut en effet se demander pourquoi une personne comme moi investit dans les énergies renouvelables. Eh bien, c’est parce qu’elles rapportent et qu’elles sont pertinentes. Nous y investissons depuis des années par l’intermédiaire de grandes sociétés pétrolières et pipelinières. Or, la technologie, l’envergure et le déploiement des projets dans les énergies renouvelables aujourd’hui font qu’ils sont maintenant rentables et pertinents sur une base autonome. Ils peuvent être réalisés par des sociétés indépendantes axées sur ce secteur.

Le contexte leur est d’ailleurs favorable. Les gens veulent agir en matière de changements climatiques. Ils demandent des cibles zéro émission nette de carbone, que les gouvernements veulent atteindre, notamment en remettant sur les rails l’Accord de Paris sur le climat. De nombreux pays dans le monde se fixent de telles cibles pour 2030, 2040, 2050 ou 2060. Bref, il y a beaucoup de catalyseurs.

En combinant ces deux éléments avec la technologie qui permet de développer, de déployer et de rentabiliser ces projets, nous en concluons que nous pouvons y investir. Nous avons assisté à cet essor au cours de la dernière décennie, mais c’est réellement dans les deux ou trois dernières années que nous avons vu un bond. En tant qu’investisseur axé sur l’énergie misant sur des sociétés qui participent déjà un peu aux énergies renouvelables, je pense qu’il est maintenant tout à fait sensé de me tourner vers des entreprises qui s’y consacrent pleinement, car ce secteur bien réel a du soutien et rapporte.

Mark Brisley : Au-delà des occasions de placement qu’il présente, ce secteur devient une préoccupation dictée par la conscience sociale. D’ailleurs, au cours des dernières semaines, il a figuré parmi les sujets abordés dans le cadre des élections américaines, l’administration Biden ayant annoncé qu’elle allait mettre de l’avant l’énergie verte et y effectuer des investissements massifs. J’aimerais donc vous demander quel sera le rôle des gouvernements dans la croissance des énergies renouvelables. Contrairement aux prédictions, il n’y a pas eu de marée bleue aux États-Unis. Pensez-vous que les politiques en la matière pourraient ne pas prendre la direction prévue, même sous le règne de Joe Biden?

Jennifer Stevenson : Comme la vague bleue n’a pas eu lieu lors des élections américaines, le rythme du déploiement des énergies renouvelables risque d’être moins effréné. Toutefois, les deux partis et les deux organes législatifs appuient les initiatives de changement climatique, tout comme la population.

Nous nous penchons sur ce que les deux partis pourraient soutenir. Tout ce qui va dans le sens de l’objectif de zéro émission en 2050 du président désigné Joe Biden pourrait passer plus rapidement. Par ailleurs, les discussions se poursuivent au sujet de la prolongation des crédits d’impôt pour l’éolien et le solaire, que de nombreux États, sénateurs et membres du Congrès, tant républicains que démocrates, appuient de toute évidence. Nous croyons donc qu’elle sera approuvée.

Nous nous attendons à voir davantage d’événements comme l’accélération de l’octroi de permis pour les projets d’énergie renouvelable, notamment dans l’éolien ainsi que dans la capture et le stockage de carbone. Bref, les choses évoluent beaucoup du côté du gouvernement aux États-Unis en ce moment.

Mark Brisley : J’ai pensé qu’il serait intéressant pour nos auditeurs d’entendre votre point de vue sur le fait que les entreprises qui déploient des capitaux ou développent des technologies dans le domaine des énergies renouvelables ne sont pas nécessairement de nouvelles sociétés, les entreprises d’hydrocarbures traditionnelles faisant partie intégrante de cette transition. Comment ces sociétés traditionnelles font-elles la transition vers les énergies renouvelables? Prévoyez-vous y investir?

Jennifer Stevenson : Il s’agit en effet d’une question très importante. Les entreprises d’hydrocarbures traditionnelles effectuent un certain nombre d’investissements dans les énergies renouvelables. Certaines y vont à fond en procédant à des changements majeurs, alors que d’autres utilisent les infrastructures et les actifs existants et misent sur la croissance et la rentabilité de projets d’énergies renouvelables.

Quelle que soit l’option qu’elles choisissent, les entreprises énergétiques traditionnelles font parfaitement dans le Fonds de revenu énergétique, qui nous permet d’en tirer parti. Dans le Fonds évolution énergétique, nous nous concentrons sur les sociétés d’énergie renouvelable et toutes les entreprises connexes directement liées à ce secteur. Nous y maintenons donc l’accent sur une énergie plus pure et noble. Ce produit mise sur les entreprises d’hydrocarbures traditionnelles ou celles qui profitent de la transition.

Mark Brisley : J’aimerais parler un peu des technologies elles-mêmes. Comme il y a beaucoup à dire, nous pourrions peut-être passer en revue certaines des principales, en commençant par le solaire, que tout le monde connaît et qui existe depuis si longtemps. Quelles améliorations technologiques ce segment a-t-il connues? Dans quels types d’entreprises investissez-vous?

Jennifer Stevenson : Je trouve le solaire assez étonnant. Comme moi, beaucoup de gens se souviennent probablement de l’époque où le solaire avait la cote et où le marché lui accordait beaucoup d’attention. Pourtant, il a disparu. Que s’est-il passé? Ce qui intéressait le marché alors, c’était les fabricants de panneaux solaires.

Or, les panneaux solaires sont devenus chose courante. On ne les produit pas seulement aux États-Unis, mais aussi à l’échelle internationale, y compris en Chine. Leur coût a baissé de 90 % au cours de la dernière décennie.

Cette baisse du coût nous réjouit, même si c’est pour cette raison que le volet panneaux solaires s’avère moins intéressant pour nous comme placement. Par contre, du côté des onduleurs, la technologie a vraiment progressé et les coûts ont diminué. Les systèmes de contrôle sont impressionnants. Si vous avez un système solaire sur votre toit, vous pouvez le contrôler, voir ce qui se passe, surveiller votre production, votre utilisation et votre stockage d’énergie à l’aide d’une application sur votre téléphone. Ces systèmes se sont vraiment améliorés.

Vous avez également la possibilité aujourd’hui d’ajouter une batterie à votre production d’énergie par panneaux solaires. Le solaire résidentiel constitue une solution pour les personnes qui souhaitent faire quelque chose de positif pour le climat ou qui veulent être indépendantes du réseau électrique.

Le solaire peut être plus ou moins offert ou accessible selon l’endroit où vous vous trouvez. Cependant, les entreprises de ce secteur sont vraiment intéressantes tant du point de vue de leur capacité de déploiement que de la croissance qu’elles ont affichée et qui se poursuit.   

Mark Brisley : L’éolien constitue un autre segment clé. Quelles sont les avancées qui y ont eu lieu? Quel type de société respecterait vos critères de qualité dans la chaîne d’approvisionnement en ce qui concerne l’éolien?

Jennifer Stevenson : L’éolien est vraiment intéressant. Si on songe à son évolution, tout le monde a déjà vu une turbine éolienne quelque part. Il y en a une énorme au centre-ville de Toronto et une panoplie au sud de Calgary.

Du côté des avancées, le matériau composite des turbines éoliennes a changé, et il permet de fabriquer des pales plus longues, qui demeurent néanmoins assez légères pour être efficaces. Or, des pales plus longues récoltent plus d’énergie dans la zone entourant une tour éolienne.

C’est beaucoup plus efficace ainsi. Si les avancées se poursuivent, on pourra produire des pales plus longues et plus fines. Cependant, on tire maintenant des technologies d’autres secteurs, soit le pétrole et le gaz. On installe des turbines éoliennes en mer et on les fixe au plancher océanique afin qu’elles soient ancrées très profondément. Quels avantages cela apporte-t-il? Le vent n’a plus d’entraves, que l’on pense aux édifices ou aux montagnes. Voilà une amélioration.

Si on va encore plus loin, on peut utiliser la technologie provenant du secteur pétrolier et gazier et installer des éoliennes en eau profonde. Ces turbines ne sont pas fixées au plancher océanique. Elles flottent et restent en place, car elles sont retenues par des câbles amarrés au fond de l’océan. C’est ce qu’on fait dans le cadre des forages de puits de pétrole et de gaz en eau profonde. Avec cette technologie, on peut installer de gigantesques éoliennes au milieu de nulle part, loin de tout.

Il en résulte une efficacité et un captage de la ressource énormes. On recueille la ressource, ce qui produit de l’électricité, et celle-ci retourne sur la rive au moyen d’une ligne de transport. Il s’agit de la chaîne d’approvisionnement du vent, comme celle de l’énergie solaire dont nous avons discuté. Cette dernière ne comprend pas de fabricants de pales, mais plutôt des onduleurs, du stockage en batteries et des installateurs. Du côté de l’éolien, il y a des fabricants de turbines et de pales, des sociétés qui installent les câbles sous-marins et les éoliennes en eau profonde et d’autres qui assurent la gestion des projets et produisent l’énergie. Il y a un très vaste éventail d’entreprises qui participent à ces types de projets.

Mark Brisley : L’hydrogène soulève aussi beaucoup de discussions. Nos auditeurs connaissent peut-être moins bien ce segment. On en entend beaucoup plus parler dans les nouvelles, et cela semble très prometteur. Quelles sont les occasions à saisir du côté de l’hydrogène? Comment ce thème est-il utilisé, et est-il assez mûr pour que vous l’ajoutiez à vos portefeuilles?

Jennifer Stevenson : L’hydrogène s’avère très intéressant. Dans certains cas, il s’agit certainement d’un thème assez mûr pour qu’on l’ajoute à un portefeuille, plus précisément le Fonds évolution énergétique Dynamique. On retrouve notamment de l’hydrogène dans les piles à combustible. Amazon et Walmart utilisent ces piles pour faire fonctionner tous les chariots élévateurs dans leurs entrepôts. Et il ne s’agit là que d’un seul exemple. On peut acheter un moteur alimenté à l’hydrogène et l’installer dans un camion de transport lourd qui fonctionne au diesel.

L’hydrogène en soi constitue l’un des éléments les plus communs sur Terre, sinon le plus commun. Cependant, l’hydrogène seul n’existe pas. Il est toujours lié à d’autres éléments. Par exemple, l’eau (H2O) est composée d’hydrogène et d’oxygène. On extrait l’hydrogène d’une autre chose. En ce moment, il provient surtout des hydrocarbures. On le fabrique à partir de gaz naturel au moyen d’un processus appelé « reformage du méthane à la vapeur ». On utilise ce processus dans le raffinage depuis des décennies. Il permet notamment de fabriquer de l’essence.

Le type d’hydrogène qui provient du gaz naturel, un combustible fossile, est produit au moyen d’un reformeur de méthane à la vapeur et s’appelle hydrogène gris. Le même processus permet aussi de fabriquer du dioxyde de carbone. Si on le remet dans le sol, ce qui constitue un exemple de captage et de stockage d’hydrogène, on obtient de l’hydrogène bleu.

L’hydrogène vert constitue l’application finale, et il est produit au moyen d’un processus différent. Ce processus fait passer de l’électricité dans de l’eau pour fragmenter l’oxygène et l’hydrogène. Cette électricité est générée à partir d’énergie renouvelable grâce à un électrolyseur. On peut prendre de l’eau et la fragmenter en ses diverses composantes. On obtient de l’hydrogène et de l’oxygène, ou ce qu’on appelle de l’hydrogène vert. Il s’agit du domaine le plus intéressant pour le développement de l’hydrogène, car on peut ainsi l’utiliser dans des pans de l’économie qui sont difficiles à électrifier.

En ce qui concerne la décarbonation, l’électrification attire le plus l’attention. Du côté de l’énergie renouvelable, il y a les panneaux solaires, les turbines éoliennes et les véhicules électriques. Comment fabrique-t-on le ciment ou l’acier? Comment faire voler des avions ou circuler des trains moyennant de plus faibles émissions de carbone? On peut étudier l’hydrogène comme solution au problème de décarbonation des autres secteurs. L’utilisation de l’hydrogène vert dans ces secteurs constitue un important segment de croissance.

En ce qui concerne les placements, j’ai mentionné les fabricants de piles à combustible. Nous misons sur des fabricants d’électrolyseurs et des sociétés productrices d’hydrogène, car il s’agit d’un combustible utilisé depuis très longtemps. Nous y investissons déjà de plusieurs façons. Il s’agit aussi d’un secteur affichant une croissance très robuste. On peut constater que l’hydrogène est adopté au fil du temps. À preuve, on l’utilise dans des infrastructures existantes.

Des changements devront toutefois être apportés. On peut mettre de l’hydrogène dans les pipelines gaziers, mais seulement jusqu’à concurrence d’un certain pourcentage, à moins d’appliquer un revêtement aux pipelines. Des modifications pourraient avoir à être effectuées pour que l’hydrogène soit utilisé dans les appareils existants de chauffage au gaz naturel. Qu’en est-il des nouveaux quartiers? De quelle manière seront-ils construits? Il y a beaucoup d’autres choses emballantes qui pourraient se produire du côté de l’hydrogène.

Mark Brisley : Les investisseurs se demandent sûrement s’il faut complètement exclure les combustibles fossiles quand on investit dans les énergies renouvelables. Vous avez mentionné que vous allez miser sur les énergies renouvelables, les solutions émergentes et les novateurs énergétiques dans le cadre du Fonds évolution énergétique Dynamique. Ce fonds exclura-t-il les combustibles fossiles? Je connais un peu votre réponse, donc pourquoi est-ce difficile de les éliminer complètement?

Jennifer Stevenson : Ce mandat n’est pas totalement exempt de combustibles fossiles. Même les plus importants fournisseurs d’énergie renouvelable comme les grands services publics qui sont reconnus par nos dirigeants mondiaux pour leur accent sur les énergies renouvelables disposent d’un plan B ou d’une protection intermittente, qui prend parfois la forme de gaz naturel. La société ne se trouve pas encore à une étape où elle peut mettre une croix sur les combustibles fossiles. Cependant, le fonds présente un fort penchant pour les entreprises qui privilégient énormément les énergies renouvelables.

Comme nous en avons discuté plus tôt, une entreprise en transition ne cadre pas dans ce fonds. Certains joueurs qui misent exclusivement sur les énergies renouvelables pourraient aussi avoir recours aux hydrocarbures comme solution de rechange, car la société se trouve à cette étape. Il n’y a pas suffisamment d’énergie nucléaire injectée dans les batteries à hydrogène pour que tous les services publics d’énergies renouvelables puissent se passer du gaz naturel comme plan B. En effet, ces services publics veulent que leurs clients puissent consommer de l’énergie sans interruption.

Mark Brisley : Merci, Jennifer, pour ces renseignements très utiles. C’est très emballant de savoir que des occasions permettent d’investir dans un changement positif, mais aussi de faire profiter les portefeuilles des investisseurs des avantages associés à ce secteur. 

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