PARTICIPANTS
Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique
Dre Brynn Winegard
Spécialiste de la pensée entrepreneuriale
PRÉSENTATION
Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Je vous souhaite la bienvenue à un autre balado de la série On The Money. Je suis Mark Brisley, chef de Fonds Dynamique. Vu les circonstances inhabituelles auxquelles la planète a dû s’adapter en 2020 et qui ont modifié nos routines, nos activités personnelles et professionnelles ainsi que notre façon de travailler, il n’est pas surprenant que nous réfléchissions de plus en plus à notre manière de réagir à la situation et, en fin de compte, à la manière dont notre cerveau fonctionne lors de changements aussi tumultueux.
J’ai récemment eu la chance de m’entretenir avec notre invitée d’aujourd’hui, Dre Brynn Winegard, et de discuter avec elle des moyens de combattre l’épuisement professionnel, d’accroître la productivité, d’améliorer la motivation et d’optimiser l’utilisation de notre temps pour nous permettre d’utiliser au maximum notre cerveau.
Ses conseils et ses techniques brisent des mythes, bouleversent les idées reçues et fournissent un cadre exhaustif pour voir et utiliser notre cerveau d’une nouvelle façon. Aujourd’hui, nous nous arrêterons à certains conseils qui ressortent de ses recherches exclusives et qui figureront dans son prochain livre intitulé WFH: A Brain-Based Perspective for Redesigning Your Workday To Feel More Motivated and Get More Done.
Maintes fois primée et constamment classée parmi les trois plus grands experts de la planète en comportement humain dans le monde des affaires, Dre Brynn Winegard est professeure, conférencière et spécialiste de la pensée entrepreneuriale. Elle donne des conseils sur la motivation, la productivité et la performance en se fondant sur des recherches de pointe en neurosciences. Nous sommes très heureux qu’elle se joigne à nous aujourd’hui. Bienvenue, Dre Winegard.
Dre Brynn Winegard : Bonjour, Mark. Merci de m’accueillir.
Mark Brisley : La science du cerveau est un thème d’actualité, d’autant plus que nous sommes tous obligés de travailler de la maison, de repenser notre journée de travail et de composer avec des niveaux de stress et de conflits sans précédent. D’après votre expérience, quels sont les problèmes surprenants auxquels les travailleurs ont fait face dernièrement?
Dre Winegard : Voilà une très bonne question. Les gens qui se sont soudainement retrouvés chez eux, dans l’incertitude la plus complète, ont évidemment réagi de toutes sortes de façons, comme le confirme la recherche. Passés du bureau à leurs installations improvisées à la maison, ils ont vraiment exprimé toute la gamme des émotions, ayant eu à relever des défis tout aussi variés, mais je pense que certaines difficultés ressortent du lot.
Il y a trois grands problèmes dont je parle régulièrement avec les gens qui nous écrivent sur Twitter ou d’autres plateformes. La fatigue Zoom arrive en tête de liste. Elle est bien réelle. C’est un défi pour le cerveau, qui a une façon particulière de traiter l’information sociale. La première recherche sur ce phénomène remonte à 2014. Elle portait sur l’anxiété, la dépression et la dysmorphophobie chez les adolescents qui utilisaient l’application FaceTime lancée par Apple.
Cette étude a démontré que les adolescents étaient constamment conscients de leur image. Quand ils utilisaient Facetime, ils se trouvaient devant la caméra, en représentation, et n’interagissaient pas normalement avec les autres parce qu’ils étaient trop conscients d’eux-mêmes. Nous avons alors observé des pics d’anxiété et de dépression ainsi qu’une chute de l’estime de soi et du niveau de satisfaction des adolescents à l’égard leur corps ou de leur image corporelle.
Cette première incursion dans la recherche nous aide vraiment à comprendre la fatigue Zoom qui s’est installée depuis le début de la pandémie. Ce phénomène, qui comprend la conscience de soi, a commencé à se faire sentir sur les gens qui télétravaillent. De nombreuses sociétés utilisent l’application Zoom dans le but de renforcer les relations, la cohésion ainsi que l’esprit de camaraderie et de diminuer le sentiment de solitude et d’isolation, mais en fait, les employés ont l’impression d’être en représentation. Ils se sentent gênés, beaucoup moins confiants, voire nettement dissociés du contenu qu’ils produisent.
La fatigue Zoom a des effets en cascade, comme la fatigue FaceTime ressentie par les adolescents au début des années 2010. D’abord, les gens ont vraiment du mal à se voir constamment en action, en direct, devant la caméra.
Nous avons parlé du deuxième effet à l’assemblée générale du troisième trimestre et, aussi, brièvement, à la réunion de l’équipe des Ventes nationales. Il s’agit de l’idée voulant que dans des circonstances volatiles, incertaines, complexes et ambiguës (VICA), et la pandémie en fait certainement partie, notre cerveau se dérègle. Il ne fonctionne pas normalement. Sous la contrainte, les gens éprouvent des émotions différentes. Ils n’ont pas les mêmes aptitudes à prendre des décisions, c’est sûr. Ils se sentent, en général, déprimés. En fin de compte, on n’a pas affaire à des personnes qui se trouvent dans des circonstances normales, car leur cerveau est stressé par toutes sortes de facteurs inhabituels.
Parlons maintenant du troisième effet. Selon de nombreuses recherches, les humains peuvent ressentir environ 500 émotions, que nous pouvons décrire en psychologie et certainement en neurosciences, mais ils peuvent généralement en nommer seulement 11 environ. Le deuil n’en fait pas partie. Cette émotion ainsi que le stress qu’ils éprouvent et ont du mal à maîtriser sont associés à la perte d’un mode de vie, d’un bureau, de routines, d’habitudes et de comportements qui ont existé.
Quand on y pense, on réalise que les gens sont en train de traverser les étapes bien connues et reconnaissables du deuil. C’est très stressant, ce qui vient aggraver la fatigue surrénale, l’épuisement professionnel, la dépression et l’anxiété qui ont commencé à se manifester. Les gens ne s’en sortent pas aussi bien qu’on pourrait le penser sachant qu’ils se trouvent par ailleurs dans une maison relativement confortable et qu’ils ont plus de temps pour eux. En théorie, ils ont beaucoup plus de contrôle sur leur quotidien.
On s’attendait à voir des gens détendus, dans le confort de leur foyer, qui ont du temps devant eux et qui peuvent organiser leur journée comme ils l’entendent. Cette situation permet beaucoup d’autonomie. En fait, nous voyons le contraire. Les gens sont dépassés; ils ressentent une fatigue de type Zoom et vivent un deuil important, soit la perte de la vie prépandémie.
Mark Brisley : C’est vrai. Je repense au moment où tout a commencé, quand nous avons appris que nous allions probablement travailler de la maison pendant un bout de temps. Si je me fie à ma propre équipe, je constate qu’il y a probablement deux types de personnes. Celles qui ont vu le télétravail comme une occasion géniale de trouver leur zone de confort, et celles qui se sont probablement dit qu’elles n’arriveraient pas à s’habituer.
Le temps leur a sans doute donné raison ou tort. La question est la suivante : quels mythes ou idées fausses avez-vous observés chez les travailleurs depuis le mois de mars?
Dre Winegard : Une vérité fondamentale part de la capacité du cerveau humain à percevoir le temps, l’espace et soi-même. Il est très intéressant de constater qu’en fait, nous ne sommes pas très bons pour nous projeter dans l’avenir, soit pour déterminer l’énergie, la motivation et le temps que nous aurons, comment nous nous sentirons et quel sera notre niveau de productivité. Nous ne prédisons pas non plus très bien le temps.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, nous nous attendions à ce que les gens qui se sont retrouvés soudainement à travailler de la maison aient l’impression d’avoir plus de choix, de contrôle et d’autonomie. Or, nous avons observé ce que nous appelons la violation des attentes. Les gens ont surestimé ce qu’ils pouvaient faire en une journée ou une semaine, par exemple.
Si le soir, on dresse une liste de choses à faire le lendemain, on se trouve à adopter une bonne pratique. Nous en avons parlé à la conférence des Ventes. On a ainsi sous les yeux tout ce qu’on veut accomplir le lendemain. On sait à quoi ça ressemble. Les gens se font des listes pour eux-mêmes. Ils y inscrivent ce qu’ils veulent faire le lendemain.
Quand le matin arrive, ils prennent leur café, puis ils commencent leur journée. Que se passe-t-il alors? Ils ne font qu’une partie des tâches figurant sur leur liste. À la fin de la journée, ils sont déçus d’eux-mêmes.
Cette violation des attentes, et ça dit bien ce que ça veut dire, il s’agit d’une violation de ce que l’on attendait de soi-même en matière de capacité et d’efficacité, crée une situation où l’on est déçu de soi-même et beaucoup moins confiant en ses compétences de base et sa motivation intrinsèque. Cette déception peut aviver la conscience de soi et entraîner une sensation réelle d’agitation, mais aussi l’impression d’un manque de compétence.
Dans ce nouvel environnement de travail, les gens se sentaient presque à nouveau comme des débutants, comme s’ils devaient réapprendre à s’organiser ainsi qu’à gérer leur temps et leurs ressources, ce qui n’a pas donné de bons résultats. Au contraire, leur état dépressif s’est accentué parce qu’ils avaient l’impression de ne pas être efficaces. Leur niveau de fatigue surrénale et d’épuisement a augmenté. Leur capacité à fabriquer de la sérotonine, qui est plus ou moins l’hormone du bonheur, a diminué. La boucle de rétroaction de la dopamine, hormone de la réussite, a moins bien fonctionné. On a commencé à voir de vrais cas de fatigue surrénale, d’épuisement, d’anxiété ainsi que de dépression et, en fait, une diminution de la motivation.
C’est un cercle vicieux. Les gens surestiment ce qu’ils peuvent accomplir, en pensant que c’est la marque d’un employé très performant. En fait, il s’agit plutôt de la marque de quelqu’un qui a recours à une stratégie d’autohandicap et qui, non seulement ne réussira pas à faire tout ce qu’il avait prévu, mais finira aussi par s’en vouloir et se déprécier. Ce processus crée des circonstances qui nuisent à la motivation et augmentent l’anxiété. On peut facilement imaginer que cet état neurophysiologique constitue en quelque sorte un cocktail désastreux pour la productivité future et, bien sûr, pour des habitudes de travail durables.
Mark Brisley : C’est vraiment intéressant, cette surestimation de ce que l’on peut accomplir en une journée. On entend souvent dire que les gens travaillent plus depuis qu’ils sont en télétravail. Ils ont du mal à s’éloigner de leur bureau. Le fait de ne pas avoir à se déplacer les incite à rester plus longtemps dans un environnement de travail. J’entends souvent les gens dire : « Je n’arrive pas à décrocher. » Du point de vue de la science du cerveau, est-ce possible? Est-ce vraiment ce qui arrive aux gens?
Dre Winegard : Quand notre bureau est notre maison, nous ne le quittons jamais. Nous pouvons travailler à toute heure du jour. Les gens vivent autre chose qui contribue aussi à la fatigue de type Zoom, l’absence de contexte : il n’y a plus de cadre qui régit l’horaire de travail. À différents égards, avoir trop de choix, de contrôle et d’autonomie, mais pas assez de structure ne rend pas plus heureux. Certaines personnes se réjouissent de la situation. Elles sont comme des poissons dans l’eau malgré le niveau d’ambiguïté très élevé. D’autres se sentent désemparées et ont du mal à remettre les compteurs à zéro. Tout le monde a des niveaux variables de tolérance à l’ambiguïté, un peu comme un syndrome de la page blanche.
Il y a 24 heures à notre disposition. On peut dormir, manger et travailler quand on veut. Pour répondre à votre question, oui, nous avons constaté que les gens travaillent de plus longues heures. Après tout, il y a des limites au temps qu’ils peuvent passer à regarder Netflix et à faire des promenades. Au bout du compte, leur maison est leur bureau, et ils ne s’en éloignent jamais. C’est là que réside le défi.
Certes, la période de confinement a été la pire, mais les gens ont beaucoup travaillé aussi pendant l’été. « Tant qu’à y être, autant se retrousser les manches, non? » Ce que nous avons vu en particulier, c’était parfois du travail formel le soir ou au petit matin, par exemple, mais surtout des messages dans Slack ou d’autres systèmes du genre. Ce mode de communication a permis aux employés à la recherche d’empathie d’interagir, mais en réalité, il a empêché leur cerveau de se reposer et de décrocher du travail en faisant autre chose.
En fait, c’était une idée brillante de faire travailler les gens dans des bureaux, car cela crée un contexte, une situation, un cadre temporel normatif, disons de 9 h à 17 h. Après les heures de travail, nous quittons le bureau pour vaquer à nos occupations personnelles et faire des choses qui nous tiennent à cœur, comme passer du temps de qualité avec nos enfants, aller courir, rénover notre maison, etc.
Sans ce contexte, les gens ont commencé à travailler plus d’heures, y compris le soir et la fin de semaine. Il n’y avait plus assez de structure et de contexte pour qu’ils sachent établir leurs limites et s’arrêter. Il faut beaucoup d’autodiscipline pour déterminer à quoi ressemblera sa journée.
On ne doit pas éprouver de honte si on n’a pas cette discipline. Les gens ressentent beaucoup de culpabilité s’ils n’arrivent pas à suivre le même rythme que leurs collègues. Ils se considèrent alors comme un mauvais coéquipier. Dans des circonstances VICA, ils commencent vraiment à régresser. C’est une bonne chose. C’est une émotion prosociale qui porte collaborer, à aider les autres, à travailler quand ils travaillent, à en faire plus pour l’équipe et à prendre plus que sa part du fardeau.
Les gens se surmènent et recommencent à se sentir désemparés. C’est une façon insoutenable de travailler. Nous avons constaté des niveaux élevés d’anxiété, et nous savons que l’anxiété mène souvent à la dépression, et la dépression, à l’anxiété. Il s’agit de facteurs de comorbidité. Les deux coexistent. Quand on commence à sentir un peu anxieux, on ne doit pas attendre longtemps avant qu’une cascade de substances neurochimiques se mette à exercer un effet négatif, propice à des symptômes dépressifs.
Mark Brisley : Beaucoup de nos auditeurs vont se dire que s’ils sont plus conscients de ce qui leur arrive, ils vont chercher des trucs et des conseils pour mieux utiliser leur cerveau tout au long de la journée. Juste avant que nous abordions ce point, j’aimerais vous poser une question un peu plus personnelle. Avant la pandémie, beaucoup d’entre nous avaient l’habitude de se déplacer pour se rendre au travail. Or, nous ne faisons plus la navette entre la maison et le bureau, le télétravail étant devenu une solution plus permanente.
Je réalise à quel point le trajet entre le bureau et la maison représentait un temps d’arrêt pour moi. Il m’a été enlevé, dans une certaine mesure. Comment les gens peuvent-ils remplacer ces déplacements quotidiens qui les aidaient à décompresser, sans qu’ils en aient peut-être même conscience, avant de revenir à la maison et de reprendre leur vie de famille? Que peuvent-ils faire pour mieux organiser leur horaire?
Dre Winegard : À mon avis, la technique Pomodoro ou ce que nous appelons bloquer du temps s’impose pratiquement. En fait, je recommande aux gens de se lever tôt, mais de ne pas commencer nécessairement à travailler tout de suite. Prenez un moment pour vous. Faites de la méditation ou réfléchissez à ce que vous voulez ou prévoyez faire.
De même, à la fin de votre journée de travail, prenez le temps de décompresser et de marquer une rupture formelle avec votre contexte professionnel en méditant, en faisant de la visualisation ou autre. Le contexte dicte les comportements normatifs ou les personas, terme qui décrit le comportement adopté consciemment ou inconsciemment par une personne en société, et, par conséquent, les émotions normatives.
Par exemple, cela fait une différence de se sentir d’attaque le matin et d’avoir plein d’énergie pour accomplir son travail. Ensuite, il faut faire une transition pour se sentir plus calme et commencer à se détendre pour passer une soirée en famille et aller se coucher.
Votre question n’est pas si personnelle, Mark. Je partage mon expérience avec tout mon public. La dernière chose que je fais dans ma journée, c’est de m’entraîner. Je ne fais pas d’exercice le matin, parce que je suis une travailleuse du savoir. Pour répondre à mes principales priorités au quotidien, je dois surtout penser et produire des informations en utilisant mon cerveau.
Je m’entraîne donc à la toute fin de la journée. J’utilise cette période, qui équivaut grosso modo au temps d’arrêt dont vous avez parlé tantôt, pour marquer le changement de contexte. Cela m’amène à l’un de mes grands conseils : nous devons décharger complètement nos batteries avant de les recharger. Cela nous permet de débrancher notre cerveau. Il n’y a rien de tel que de s’investir corps et âme dans l’activité physique pour se détendre.
J’ai choisi de m’entraîner en fin de journée, parce que je ne veux pas dépenser mon énergie la plus productive sur le tapis roulant. Je préfère m’en servir pour le travail intellectuel que je dois accomplir durant le jour. Mon entraînement marque la transition vers ma vie de famille; il s’agit en quelque sorte de mon trajet de retour à la maison, ce qui me ramène dans un état de relaxation.
J’ai souvent parlé de la relation inverse entre le cerveau et le corps. Beaucoup de gens croient qu’ils reposent leur cerveau quand ils dorment, mais en fait, c’est pendant le sommeil que le cerveau travaille et vice versa. Malgré l’impression qu’il donne lorsque nous sommes réveillés, notre cerveau passe après les besoins en énergie, en oxygène et en eau de notre corps. Nous avons l’impression que notre cerveau s’éteint quand nous dormons et qu’il s’allume durant nos périodes d’éveil. C’est en fait le contraire.
Pendant les heures de veille, les moments que nous passons à faire de l’exercice, ne serait-ce qu’une marche à un faible degré d’intensité, correspondent à ceux où les neurones de notre cerveau peuvent se déconnecter et se régénérer. Le corps utilise alors de l’énergie, évidemment, et de l’oxygène, mais le cerveau se met au neutre. C’est durant ces périodes réfractaires que nous pouvons décrocher et rêvasser. Nous n’avons pas besoin de penser activement à quelque chose. Notre corps bouge, mais nous sommes sur le pilote automatique. Cet espace cérébral très précieux, qui s’apparente à celui créé durant la méditation ou la visualisation, permet, pendant les heures d’éveil, de renouveler une grande partie des substances neurochimiques que nous pourrions avoir épuisées durant nos heures de travail.
Je considère que l’activité physique, quelle qu’elle soit, est un mouvement magique pour le cerveau. Dès que le corps se met à bouger, le cerveau comprend qu’il peut prendre une pause. Il peut vagabonder, parce qu’il n’a pas besoin de faire quelque chose d’exceptionnel. Il entre alors dans une période réfractaire et fait le plein de substances neurochimiques. C’est à ce moment-là que les parties du cerveau associées au plaisir et à la régénération commencent à s’activer.
Nous ne ressentons pas toujours le besoin de bouger, mais c’est un autre sujet. Nous n’avons pas toujours envie d’aller au gym ou de faire de l’exercice. Ça nous demande un effort après une longue journée. En fait, notre cerveau en a besoin à un point dont nous n’avons pas conscience. C’est absolument nécessaire. Ma séance d’entraînement me permet de donner à mon cerveau le temps de repos dont il a besoin entre le travail et la maison.
Mark Brisley : Vous avez partagé avec moi des réflexions très éclairantes sur l’importance du sommeil avant tout, mais aussi du régime alimentaire, auquel on ne pense pas nécessairement et qui concerne le fonctionnement du cerveau.
Abordons le sujet préféré des parents, soit les technologies mobiles, qui sont aussi mauvaises pour nous, comme nous en sommes tous plus ou moins conscients. Vous avez mentionné que notre téléphone cellulaire n’est pas l’ami de notre cerveau. Comme de nombreux auditeurs, consulter mon cellulaire est la première chose que je fais le matin et aussi la dernière avant de m’endormir. Pouvez-vous nous en parler un peu plus?
Dre Winegard : Vous avez raison, les technologies ne sont pas toutes avantageuses pour notre cerveau. Celui-ci a vraiment évolué pendant une période au cours de laquelle les technologies n’existaient pas. Les technologies ont davantage évolué ces sept dernières années que durant toute l’histoire de la Terre. Cela a imposé un stress au cerveau, qui tente de suivre le rythme d’accélération des innovations technologiques.
Nous sommes constamment surstimulés. Les technologies émettent une lumière bleue qui perturbe la glande pituitaire. Cette glande est modérée par l’hypothalamus, qui, bien sûr, participe à la réponse aux émotions et au stress dans le cerveau.
La glande pituitaire détermine notamment la quantité de sommeil que vous aurez, votre appétit, votre besoin en eau et votre bonheur. Pour simplifier les choses, peut-être même un peu trop, les technologies perturbent vraiment le cerveau d’une manière inattendue. Elles ont des ramifications à long terme. On en ressent les effets plus tard.
L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) parcourt le corps et assure la connexion entre le cerveau et le corps au moyen de messagers chimiques. Parmi les diverses technologies, le téléphone cellulaire qu’on garde près de son visage et qui émet de la lumière bleue est celui qui endommage le plus l’axe HHS.
L’axe HHS est l’axe principal en cause dans les boucles de rétroaction. Quand vous entendez parler de ces boucles ou des boucles de rétroaction de la dopamine, cela fait référence au cycle de communication de l’axe HHS du corps au cerveau, et vice versa. La lumière bleue et toutes les technologies, y compris les téléviseurs, les écrans d’ordinateur et les tablettes, interfèrent avec le cycle normal de l’axe HHS.
Par ailleurs, l’axe HHS modère les rythmes circadiens, ces cycles de 24 heures qui sont modulés par les variations quotidiennes de lumière et d’obscurité et qui régissent donc le rythme veille-sommeil. Les technologies perturbent les rythmes circadiens, cycles de 90 à 120 minutes contrôlés par le cerveau.
Quand vous faites quelque chose d’aussi anodin qu’ouvrir votre appareil mobile à quelques centimètres de votre visage et que vous répondez à des courriels au lit avant de vous endormir, cela bouleverse votre axe HHS et réduit ainsi votre capacité à dormir et à produire de la mélatonine. Or, celle-ci est intrinsèquement liée à la sérotonine. Ces hormones sœurs ont une incidence sur le bonheur et le sommeil.
Il y a un autre facteur à prendre en considération. Tous les appareils mobiles sont très problématiques, aussi d’un point de vue psychologique. Votre cellulaire s’apparente pour beaucoup de gens à un bambin que ne grandit jamais. Si vous êtes parent, vous savez ce que c’est que d’être à l’écoute des pleurs de votre bambin, vous y êtes toujours attentif inconsciemment, même lorsque vous faites autre chose. Cela occupe constamment votre cerveau.
Vous êtes sur un pied d’alerte, car vous savez que votre bébé aura besoin de vous. À mesure que votre enfant grandit, ses besoins occupent moins votre cerveau.
Comme je le disais, votre appareil mobile s’apparente à un jeune enfant qui ne grandit jamais. Vous savez qu’il aura éventuellement besoin de vous. Ainsi, il occupe votre cerveau de manière constante et subconsciente, peu importe où il se trouve. Je recommande donc de ne pas commencer sa journée en consultant son téléphone cellulaire.
Je conseille également aux gens de mettre leur appareil mobile dans une autre pièce lorsqu’ils doivent se concentrer et utiliser pleinement leurs facultés et leur capacité cognitive. En effet, de nombreuses études ont démontré que même quand l’appareil est éteint, votre cerveau s’en préoccupe, car vous croyez que vous devez le surveiller de manière subconsciente au cas où il aurait besoin de vous.
Les gens me disent souvent qu’ils ont enfin réussi à se concentrer après avoir mis leur appareil mobile dans une autre pièce. Ils parviennent à utiliser toutes leurs facultés cognitives et à s’acquitter d’une tâche en un temps record.
Le cerveau des humains, et certainement des enfants, n’est pas conçu pour interagir avec les appareils mobiles et toutes les technologies existantes comme nous le souhaiterions. Il ne peut pas suivre le rythme d’évolution des technologies. De plus, la lumière bleue perturbe ses fonctions et la neurochimie qui rend heureux, fonctionnel, productif et motivé.
Mark Brisley : Le sommeil constitue en quelque sorte un moyen de nourrir le corps qu’il ne faut pas sous-estimer. Comme vous l’avez mentionné. Il permet aussi, par extension, de nourrir le cerveau. J’ai lu de nombreux articles au cours des trois ou quatre derniers mois au sujet de la consommation accrue de collations en contexte de télétravail. Il y a lieu de se questionner sur les aliments qu’on ingère. Tous les magazines abordent des sujets comme les aliments du cerveau. Doit-on vraiment y penser? De plus, ces aliments existent-ils réellement?
Dre Winegard : C’est une très bonne question. On dit souvent qu’on est ce que l’on mange, mais je crois aussi qu’on mange ce que l’on est. Par exemple, le cerveau est surtout composé de gras et de protéines. Il n’est pas composé de glucides, sauf pour faire circuler votre sang sous forme de glycogène, de glucose et de beaucoup d’eau. Selon moi, les aliments idéaux du cerveau incluent des macronutriments, soit des gras, des protéines et des glucides, mais aussi de nombreux micronutriments.
Si on lit un peu sur la nutrition et les diètes, on se rend compte que certains régimes alimentaires remettaient en cause les gras au début des années 1990, puis les glucides, et ainsi de suite. Or, je crois qu’il ne faut pas trop mettre l’accent sur la perte de poids.
Prenons un athlète de haut niveau dont le cerveau est sa propre machine qu’il doit alimenter. Il devrait miser sur une quantité égale de calories provenant des gras et des protéines, conformément à la théorie du régime cétogène. En effet, cette diète recommande une consommation accrue de gras et une quantité nettement moindre d’un troisième macronutriment, les glucides. La nourriture du cerveau dépend des nutriments dont on a besoin et de ceux dont on manque.
Selon moi, il faut manger ce que l’on est, car cela permet au cerveau et au corps de se reconstituer. Cela ne signifie pas qu’il faut éviter les glucides. La bonne nouvelle, c’est que pratiquement tout ce que l’on mange en renferme. Plus précisément, les aliments riches en nutriments ont une forte teneur en glucides, qui suffit certainement à alimenter le corps et le cerveau.
Quand je parle de micronutriments ou de densité nutritionnelle, je fais notamment référence aux vitamines et aux minéraux. Plutôt que mettre l’accent sur les calories ou même les macronutriments comme les gras, les protéines et les glucides, il est préférable de se concentrer sur les micronutriments et la densité nutritionnelle de la nourriture. On découvre ainsi que certains aliments affichent une teneur élevée en gras et en protéines tout en contenant une bonne quantité de glucides.
Les légumes ont une teneur très élevée en micronutriments, et les fruits, une teneur élevée. Les noix renferment beaucoup de gras, de micronutriments et une certaine quantité de protéines et de glucides. Ces aliments sont remplis des vitamines et des minéraux requis pour assurer le bon fonctionnement de la neurochimie du cerveau, ce qui permet d’être heureux et productif. Ils présentent la bonne formulation tant pour le cerveau que le corps.
Bien sûr, l’inverse est également vrai en ce qui concerne les produits alimentaires transformés. J’ai donné à la réunion des Ventes l’exemple d’une grosse tranche de steak, qui comporte beaucoup de gras, une certaine quantité de protéines, mais très peu de micronutriments.
Ce n’est pas un aliment à forte densité nutritionnelle.Certaines personnes diront : « N’est-ce pas une bonne chose de consommer des protéines et des gras? » Oui, mais le steak ne renferme rien d’autre, sauf un peu de fer et de vitamine B. Essentiellement, il s’agit d’un aliment à faible densité nutritionnelle. Pour cette raison, je ne recommande pas le régime South Beach ou The Zone ni les grands macronutriments. Je conseille plutôt d’opter pour de la nourriture qui comporte le plus de micronutriments possible.
Deux choses arriveront. D’abord, vous aurez beaucoup plus d’énergie. Vous fournirez aussi à votre corps et à votre cerveau les nutriments requis pour fabriquer les substances chimiques dont ils ont besoin. Cela augmentera votre niveau d’énergie, évidemment. C’est souvent ce que les gens me disent lorsqu’ils commencent à manger des aliments du cerveau, qui ne constituent pas un type de nourriture en particulier. Je ne favorise pas un aliment au détriment d’un autre. Si vous commencez à mettre l’accent sur la consommation de micronutriments, et par conséquent sur leur absorption, vous vous rendrez compte que vous êtes rassasié plus rapidement, que vous avez plus d’énergie sur de plus longues périodes et que vous pensez moins à la nourriture. Vous n’aurez plus ces montées en flèche de votre taux d’insuline qui vous poussent à fouiller constamment dans le frigo ou le garde-manger.
Par ailleurs, les gens sont davantage motivés à faire de l’exercice, se sentent mieux lorsqu’ils en font, récupèrent plus rapidement et ont les idées plus claires ainsi qu’une concentration accrue. Il est ainsi plus facile de perdre du poids.
Évidemment, il faut manger ce que l’on est plutôt que devenir ce que l’on mange. Il s’avère très important de boire de l’eau pour rester hydraté durant la journée. Les gens qui ont mal à la tête sont en fait bien souvent déshydratés. Vous avez probablement déjà entendu dire que si vous avez soif, cela signifie que vous êtes déshydraté au niveau cellulaire. Or, il s’agit des cellules du corps et non du cerveau. Dans un tel cas, votre cerveau a déjà perdu au moins deux litres d’eau.
Le cerveau est composé de huit à dix litres volumétriques d’eau. S’il lui en manque beaucoup, vous ne pouvez pas vous concentrer ni produire les substances neurochimiques adéquates. Vous ne pouvez donc pas être productif ou motivé si vous êtes déshydraté. Là encore, si vous avez soif, il est trop tard. En effet, comme le cerveau passe en deuxième, après le corps, durant les heures d’éveil, il a déjà fourni des litres d’eau au corps. Je ne recommande pas de boire une grosse quantité d’eau lorsque vous avez soif, mais plutôt de boire de petites gorgées tout au long de la journée, même si vous ne ressentez pas la soif. C’est l’idéal.
Boire de petites gorgées plutôt que de grosses contribue également à l’absorption des micronutriments requis et au bon fonctionnement du cerveau et du corps. Cela vous rend heureux tout en améliorant vos capacités physiques. Le système en entier commence à fonctionner beaucoup mieux lorsqu’il est adéquatement hydraté tout au long de la journée et nourri d’aliments ayant une bonne densité micronutritionnelle.
Mark Brisley : Voilà qui justifie l’énorme cruche d’eau qui se trouve sur mon bureau depuis des mois! Vos propos procurent à nos auditeurs du contexte et de précieux renseignements sur ce que nous vivons. Ils témoignent aussi de la nécessité d’être plus conscient de soi-même. En vous écoutant, certaines personnes se disent sûrement qu’il y a de nombreuses choses qu’elles devraient changer pour restructurer leur journée ou leur semaine. Quel conseil leur donneriez-vous pour qu’elles divisent leur charge de travail en plus petites tâches afin de les aider à partir du bon pied?
Dre Winegard : J’aime bien dire aux gens de commencer par déterminer une tâche à accomplir. Cela consiste à écouter et à en faire moins, pas plus. Il s’agit d’une règle fondamentale, tant du point de vue psychologique que neuroscientifique, car le cerveau ne peut pas faire plusieurs choses à la fois. C’est une idée fausse. Le cerveau n’est pas un processeur parallèle. C’est plutôt un processeur sériel.
Cela signifie également qu’il ne faut pas se laisser déstabiliser par des renseignements trop nombreux ni essayer de tout faire en même temps. Mieux vaut commencer par une tâche que vous pourrez rapidement mener à bien ou qui revêt une très grande importance.
On peut commencer par expérimenter et voir si cette approche nous convient, car chaque personne est différente. Je dis souvent à la blague que cela constitue une science, mais aussi un art. Par exemple, un peintre qui dispose d’une foule de couleurs doit décider lui-même de l’œuvre qu’il créera et des couleurs qu’il utilisera. Je lui recommanderais de choisir une seule couleur pour commencer et de déterminer sur quoi il veut travailler.
Il s’agit d’un exercice de priorisation, mais qui aide aussi à être plus consciencieux et conscient ainsi qu’à déterminer de manière plus délibérée la manière dont on fait les choses et les raisons qui nous amènent à agir. Nous croyons qu’il y a essentiellement quatre ressources dans le monde : le temps, l’argent, les relations et le but. Or, nous ne pouvons pas trouver un but si notre cerveau hésite constamment entre diverses priorités déconnectées.
La priorité consiste à établir une seule tâche à accomplir, à voir comment les choses se déroulent, puis à passer à une autre tâche une fois qu’on a maîtrisé la première. On peut travailler, par exemple, sur son régime alimentaire, son sommeil, sa forme physique ou son attention consciente. Il y a toutes sortes de facteurs qui interviennent ici.
À partir de là, on peut réorganiser sa journée. On se rend compte qu’on doit suivre un rythme ultradien quand on travaille. Quant au rythme circadien, il varie d’une personne à une autre. Il faut réfléchir à ses propres phases de sommeil et d’éveil ainsi qu’à ses habitudes en matière d’alimentation, d’exercice et de productivité.
J’encourage les gens à réfléchir à ces facteurs de manière plus délibérée, moins conventionnelle, en fonction d’eux, ainsi qu’à expérimenter. Je leur recommande ensuite de se concentrer sur leur priorité absolue et de voir comment cela se passe. Il faut apprendre à marcher avant d’apprendre à courir. Une fois qu’une personne maîtrise la tâche prioritaire qu’elle doit accomplir, elle se sent plus confiante et compétente. C’est l’inverse de la violation des attentes. La personne se sent maîtresse de la situation. Ce sentiment se transposera pour d’autres priorités. Elle peut alors trouver d’autres façons de s’améliorer et de mieux utiliser son cerveau.
D’excellentes recherches démontrent que le point de départ n’a pas d’importance. L’important, c’est de commencer. En vous concentrant davantage sur votre cerveau, celui-ci devient plus conscient de vous et fonctionne mieux pour vous.
On peut comparer le cerveau à un enfant de trois ans sans supervision. Dès qu’on commence à porter attention à son cerveau et qu’on l’exploite de manière plus consciencieuse et concertée, contrairement à la convention, plutôt qu’en lui nuisant de manière non consciente, il sait qu’on lui accorde de l’attention et il commence à mieux fonctionner.
Si on passait un scanneur cérébral fonctionnel à quelqu’un qui fait une activité régulière sur le pilote automatique, on verrait certaines parties de son cerveau qui s’illuminent. Si cette personne faisait la même activité en pensant de manière consciente qu’elle exploite son cerveau et que celui-ci lui permet de fonctionner, d’autres parties de son cerveau s’illumineraient. Cela démontre essentiellement que son cerveau est plus performant, fonctionnel, motivé et productif. Pourquoi? Simplement parce que la personne prend la décision délibérée d’être plus consciente.
Pour cette raison, j’espère que les gens seront heureux d’apprendre qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire les choses. Peu importe votre point de départ, votre rendement et votre performance sur les plans cognitif et neuroscientifique s’amélioreront.
Mark Brisley : Il y a tellement de choses auxquelles nous devons penser en tant que personnes. Certains de nos auditeurs ont sûrement des employés sous leur responsabilité ou dirigent une équipe. Pour conclure, j’aimerais discuter du leadership qui a été mis à rude épreuve en raison de la pandémie et du contexte actuel. Il y a des choses que les gens qui dirigent ou qui supervisent des employés devraient probablement savoir, même en temps normal. Selon les renseignements que vous avez partagés avec nous aujourd’hui, pouvez-vous donner quelques conseils pour que les gestionnaires soient mieux au courant de ce qui se passe au sein de leur équipe et sur le comportement qu’ils devraient adopter?
Dre Winegard : C’est une excellente question. En vérité, quand on se voit comme un chef, il faut le faire de la manière la plus consciencieuse possible. Il n’y a pas de réponse générale, car la vraie question est la suivante : de quoi mes employés ont-ils besoin en ce moment pour se sentir mobilisés, faire leur travail ainsi que gérer les circonstances VICA, soit la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’incertitude? Je pense qu’il est préférable de poser des questions plutôt que d’y répondre. J’ai récemment lu une citation formidable, selon laquelle la qualité de sa vie est directement proportionnelle à la qualité des questions qu’on pose. Cela inclut le leadership et la gestion.
Avant de donner des instructions ou des conseils, les gens qui dirigent une équipe devraient poser des questions. Il s’agit d’un concept important, surtout du point de vue de la neuroscience. D’excellentes recherches démontrent que plus vous écoutez, plus les gens se sentent compris, et ce, même si vous perdez le fil de la conversation, que vous n’écoutez pas réellement et que vous ne portez pas vraiment attention (aussi terrible que cela puisse paraître). C’est important, car cela calme le système nerveux d’une personne et lui permet de composer sur le plan émotif avec les circonstances VICA auxquelles elle est confrontée.
Commencer par poser des questions s’avère très utile pour avoir une idée de ce qu’une personne attend de vous en ce moment. Évidemment, les besoins changent d’une journée et d’un employé à l’autre. Ce dont une personne a besoin un jour donné différera d’un employé ou d’un subordonné immédiat à l’autre.
Quand on commence par poser une question, on a le temps de comprendre le besoin de son interlocuteur, qui se sent également compris. Cela s’avère très important pour un employé, qui peut ainsi calmer son système nerveux et s’acquitter de ses tâches.
Quand on songe à outiller une personne pour qu’elle puisse s’adapter parce qu’on ne peut pas le faire à sa place, la personne doit vouloir le faire pour elle-même, et faire son travail également pour elle-même. J’entends souvent des gestionnaires qui disent qu’ils n’ont jamais autant travaillé pour compenser le travail non fait. Ils se sentent microgestionnaires, car ils ne peuvent pas surveiller le travail de leurs employés. Voilà qui démontre que ces gestionnaires ne parviennent pas à se concentrer ni à gérer leur propre neurochimie afin de se calmer suffisamment pour faire faire le travail par leurs employés.
Voilà vraiment en quoi consiste le travail d’un chef. Cela peut sembler loufoque, mais un chef doit calmer le système nerveux de ses employés suffisamment longtemps pour leur fournir les ressources dont ils ont besoin et leur faire sentir qu’il les comprend. Les recherches ont démontré que même s’il ne fait rien, qu’il ne donne aucun conseil, aucune orientation, aucune ressource supplémentaire, ni aucune réponse, plus un dirigeant écoute longtemps, plus son employé se sentira compris et, par conséquent, plus calme. Voilà la manière de gérer un cerveau désorganisé dans des circonstances VICA.
Une bonne question à poser est : « Qu’est-ce que je peux faire pour vous? » On peut ensuite voir si cette approche aide le rendement de l’employé tout en le calmant et en lui permettant de mieux gérer ses émotions et, par le fait même, sa charge de travail.
Par ailleurs, un chef doit gérer ses propres attentes et celles de ses employés. Quand le cerveau est désorganisé, qu’il manque de contexte et qu’il y a des circonstances VICA, il faut vraiment se concentrer sur les priorités absolues.
On revient à la règle numéro un. Un gestionnaire peut déterminer une tâche qu’il souhaite qu’un employé accomplisse aujourd’hui. Il ne peut pas lui donner une longue liste, car il sera déçu. Si l’employé s’attribue lui-même une longue liste, il sera aussi déçu. Il doit plutôt écouter, poser les bonnes questions, écouter, puis établir ensemble la priorité absolue pour la journée. Ainsi, tout le monde sort gagnant.
Un gestionnaire voit les progrès se réaliser. La plupart des gens ont l’instinct du plaisir. Ils ont donc un sentiment d’accomplissement. Ils sont satisfaits de leur journée. Leurs attentes ne sont pas déçues, et leurs espoirs se concrétisent. Cela signifie que le gestionnaire a suffisamment écouté son employé et qu’il a déterminé avec lui les priorités. Cela se fait d’une manière consciencieuse qui calme le système nerveux de la personne. Celle-ci est alors plus en mesure de composer avec tout ce que nous ressentons en ce moment et continuerons de ressentir même si nous travaillons de la maison.
Même si un vaccin voit le jour et que nous continuons à faire du télétravail, notre chien continuera de s’asseoir à nos pieds, notre enfant nous posera une question et quelqu’un cognera à la porte. Il y a tellement de distractions à la maison, qui ne constitue pas un lieu idéal pour se concentrer. Les deux conseils à retenir sont donc de poser d’abord des questions et de gérer les attentes (la tâche à accomplir).
Mark Brisley : Vous avez parlé du temps, et malheureusement, c’est tout le temps que nous avions pour le balado. Ces sujets s’avèrent toutefois vraiment importants. C’est presque dommage que nous ayons cette discussion durant une pandémie, alors que la normalité n’est pas vraiment au rendez-vous. En effet, les sujets que vous avez abordés sont tout aussi importants en temps normal. Je tiens à vous remercier pour vos observations. Vous avez réellement brisé des mythes et bouleversé des idées reçues. Nous sommes très heureux que vous ayez pu vous joindre à nous. Merci.
Dre Winegard : Merci de m’avoir invité, Mark.
Mark Brisley : J’invite tous les auditeurs à suivre Dre Winegard sur ses plateformes de médias sociaux. Vous pouvez aussi trouver du contenu directement à drbrynn.com. Comme je l’ai mentionné au début du balado, Dre Winegard publiera sous peu un livre intitulé WFH: A Brain-Based Perspective For Redesigning Your Workday To Feel More Motivated and Get More Done. Vous venez d’écouter un autre épisode du balado On the Money. Merci à tous de vous être joints à nous.
Annonce 1 : Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.
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