On the Money

 

Regarder au delà du portefeuille traditionnel

28 septembre 2020

Myles Zyblock, Stratège principal en placements, présente son point de vue sur la reprise économique et explique comment les actifs spécialisés, troisième pilier des portefeuilles, peuvent générer des rendements positifs avec le temps. (Traduction française de la transcription à venir)

PARTICIPANTS

Mark Brisley
Directeur général et chef, Fonds Dynamique

Myles Zyblock
Stratège principal en placemnts

PRÉSENTATION

Mark Brisley : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donne accès à certains des portefeuillistes les plus aguerris en gestion active ainsi qu’à des maîtres à penser dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.

Bienvenu à ce nouvel épisode de la série On the Money. Je suis Mark Brisley, chef de Fonds Dynamique. J’accueille aujourd’hui Myles Zyblock, un stratège renommé en Amérique du Nord qui a recours à une méthode alliant les outils de la finance et de la psychologie afin de mettre à profit les points d’inflexion majeurs dans les marchés des capitaux. Depuis plus de 25 ans, M. Zyblock formule des recommandations en matière de répartition de l’actif à de nombreux conseillers dans les domaines tant de détail qu’institutionnel en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. En tablant sur une stratégie ascendante, il fournit des idées de placements et des commentaires aux gestionnaires de portefeuille et aux analystes de Dynamique.

M. Zyblock partage plus largement son point de vue sur le monde des placements au moyen de rapports de recherche périodiques et d’interventions régulières dans des médias financiers canadiens et américains. Notre discussion aujourd’hui mettra l’accent sur les six derniers mois, période où nous avons assisté à l’une des pires dégringolades du marché et de l’économie ainsi qu’à l'une des reprises les plus spectaculaires de notre histoire. Les prévisions économiques fluctuent et celles relatives aux bénéfices vont dans tous les sens. Nous ne savons pas quelle tournure prendra la pandémie ni s’il y aura d’autres mesures de soutien. Cette discussion s’annonce donc très intéressante. Myles, nous sommes ravis de vous avons avec nous.

Myles Zyblock : Je suis très heureux d’être là. Merci de m’accueillir.

Mark Brisley : Commençons par brosser un tableau de la situation présente sur les marchés boursiers et à revenu fixe ainsi que de l’économie mondiale. Comment se compare le contexte actuel avec celui du début de la crise de la COVID-19?

Myles Zyblock : Nous en avons vu de toutes les couleurs depuis le début de l’année. Les cours boursiers et obligataires ont subi de brusques fluctuations. Par exemple, de janvier à la fin de mars, les actions mondiales ont perdu plus de 30 % pour ensuite monter en flèche. Elles piétinent maintenant en glissement annuel. Par ailleurs, les parquets américains ont fait un peu mieux que leurs homologues d’autres pays. Cela dit, le marché obligataire a connu de fortes dislocations au cours de la débâcle financière du premier trimestre. Or, la situation s’est calmée depuis, les prix des émissions mondiales ayant progressé et permis de dégager des rendements totaux dépassant légèrement 6 % en cumul annuel.

Les titres de qualité et à duration longue ont mené le bal. L’économie commence maintenant à remonter la pente pour sortir d’un gouffre très profond. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) s’est effondré un peu partout sur la planète. Celui de l’ensemble des pays du G20 a dégringolé d’environ 18 %. Rares sont ceux qui ont échappé aux répercussions de l’épidémie virale et des confinements. Toutefois, le troisième trimestre s’est amorcé sur un ton plus optimiste. Je pense que ce revirement est attribuable, en partie au moins, à la mise en œuvre de vastes mesures de relance, à coups de billions de dollars de stimulants budgétaires et monétaires.

Il s’explique également par le fait que le monde s’adapte à certaines nouvelles façons de faire. Les gens portent des masques, se déplacent un peu et se montrent plus à l’aise à effectuer leurs affaires en ligne lorsque cela s’avère possible. Je ne serais pas surpris de voir un rebond quand les pays commenceront à publier leurs données du troisième trimestre sur le PIB dans les prochaines semaines. Les indicateurs de l’activité en temps réel, notamment dans les ventes au détail, le marché du logement et la production industrielle, laissent tous présager une forte hausse.

En Amérique du Nord seulement, le taux de croissance annuel du PIB pourrait dépasser 20 % au troisième trimestre. Le raffermissement de l’économie devrait se refléter dans la croissance des bénéfices des sociétés à compter de maintenant. La situation s’améliore, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire avant de revenir à un semblant de normale.

Mark Brisley : Beaucoup de gens, probablement aux quatre coins de la planète, se demandent en ce moment de quel ordre est la dissociation entre les marchés et les économies? Pourquoi est-ce si important en ce moment de très bien comprendre que les parquets et l’économie sont deux choses distinctes?

Myles Zyblock : Voilà une excellente question. J’ai souvent expliqué la différence, à mes yeux, entre l’économie et le marché. Sur de longues périodes, les fondamentaux revêtent de toute évidence une importance pour le marché. Cependant, il peut y avoir des années, voire des décennies, où les cours boursiers semblent se dissocier des fondamentaux.

Parfois, les gens ne comprennent tout simplement pas que les fondamentaux de l’économie n’ont rien à voir avec ceux du marché.

Voici un exemple qui illustre mon propos. Admettons que beaucoup de gens songent à investir sur les parquets européens, car l’économie du Vieux Continent paraît sur le point de faire volte-face. En réalité, si l’on examine les indices en Europe, on constate qu’ils se composent largement de titres financiers et énergétiques qui ne reflètent pas du tout l’état de l’économie. Or, on peut dire la même chose de la majorité des marchés, c’est-à-dire que leur structure peut sembler très différente de celle de l’économie. On entend sans cesse ce genre de réflexion : « Devrais-je acheter des titres nippons, le Japon a l’air de vouloir se redresser? » Cette personne devrait probablement le faire, car elle pense que les exportateurs mondiaux vont faire bonne figure étant donné que le Nikkei comporte de nombreux exportateurs. Voilà ce qu’il faut garder à l’esprit quand on parle d’économies et de marchés. Ils peuvent parfois prendre des directions totalement différentes.

Mark Brisley : Étant donné que notre public est en grande partie canadien, parlons un peu de ce qui se passe  chez nous.  En quoi consistent les principaux risques et occasions pour l'économie canadienne?

Myles Zyblock : Permettez-moi de mettre les choses en contexte. Le PIB du Canada a diminué de 38 % sur une base annualisée au deuxième trimestre, la pandémie lui ayant nui tout autant, voire plus qu’à beaucoup d’autres pays. Les dépenses de consommation et les exportations ont particulièrement souffert. Or, nous savons tous que ces deux volets constituent des composantes importantes de la machine canadienne. Cependant, comme dans la plupart des autres pays, le taux de croissance s’y raffermit, et ce, en dépit d’une perte de revenus de 106 milliards $ découlant des difficultés du marché du travail. Ailleurs aussi, les décideurs ont pris des mesures pour pallier le manque à gagner dans le secteur privé.

En fait, les revenus des Canadiens ont augmenté pendant la pandémie, surtout en raison des transferts gouvernementaux. Pour mettre les choses en perspective, mentionnons que le soutien offert par l’État a atteint 224 milliards $, soit bien plus que les 106 milliards $ de salaires perdus. Par conséquent, au net, les revenus ont monté au pays.

Je ne crois pas que les dirigeants au Canada, ni ailleurs, en ont terminé avec les programmes de relance. La Banque du Canada, a dit que les taux d’intérêt resteront cantonnés près de zéro dans un avenir prévisible et qu’elle continuera à acheter des obligations sur le marché secondaire au rythme d’environ 5 milliards $ par semaine. Le gouvernement a déclaré que les personnes qui reçoivent des prestations de Service Canada passeront automatiquement au programme d’assurance-emploi une fois qu’elles auront perçu le maximum des prestations.

Les détails à ce sujet n’ont pas encore été précisés. Bien entendu, le déficit du Canada ne devrait pas baisser tellement dans un futur immédiat. Le principal risque pesant sur l’économie canadienne s’apparente à celui existant ailleurs. Nous amorçons la saison grippale, les enfants sont de retour en classe et nous n’avons toujours pas accès à un vaccin ni à aucun traitement efficace. Cela veut dire qu’une importante éclosion, encore, pourrait entraver quelque peu la route menant à une éventuelle reprise.

Mark Brisley : Parlons de cela un peu, sans prétendre que vous puissiez prédire le futur. Il y a beaucoup d’inquiétudes entourant notamment la reprise économique, une deuxième vague et les élections. Selon vous, les décideurs de la planète injecteront-ils d’autres stimulants dans le système si cela s’avère nécessaire? Vous attendez-vous à ce que les dirigeant canadiens en fassent autant au Canada? 

Myles Zyblock : Tout porte à croire que les décideurs vont poursuivre sur leur lancée des derniers mois. La Réserve fédérale américaine (Fed), par exemple, a signalé qu’elle continuera à acheter des obligations tout en maintenant de faibles taux d’intérêt et une politique monétaire très accommodante pendant un bon bout de temps. À mon avis, il y a des chances qu’un nouveau programme budgétaire de taille voie le jour aux États-Unis dans les prochains mois. Ce plan d’aide pourrait atteindre un à deux billions de dollars. Les négociations risquent de ralentir à cause de la saga électorale, mais je crois qu’elles finiront par déboucher sur un accord.

À noter que nous constatons ce type d’engagement aux quatre coins du globe, y compris en Europe et au Japon. Les autorités font de leur mieux pour atténuer les effets persistants de la pandémie. Je soupçonne qu’elles poursuivront leurs efforts jusqu’à ce qu’elles aperçoivent la lumière au bout du tunnel, lumière qui prendra sans doute la forme d’un vaccin ou d’un traitement efficace.

Mark Brisley : Vous avez également parlé un peu de ce que nous avons vu juste avant la fête du Travail quand la Fed a annoncé qu’elle allait assouplir sa politique monétaire aux États-Unis afin essentiellement d'atteindre certaines cibles en matière d’inflation et de chômage. Croyez-vous que cela a aussi une incidence? Je veux dire, vous avez déjà parlé de l’impact que cela aura sur de faibles taux à plus long terme. Ce changement pourrait-il également avoir des répercussions sur les effets des stimulants additionnels si une deuxième vague épidémique survient? Est-ce inévitable?

Myles Zyblock : À la fin du mois d’août, la Fed a légèrement modifié son mandat pour se concentrer sur l’atteinte d’un taux d’inflation moyen d’environ 2 %. Qu’est-ce que cela signifie? L’inflation se situe actuellement sous la barre de 2 % aux États-Unis. Si elle reste cantonnée sous ce seuil pendant un certain temps, le grand argentier adoptera une politique favorisant un taux plus élevé de sorte qu’en moyenne, l’inflation oscillera autour de 2 %. Laissez-moi mettre les choses en contexte. Depuis 2012 en gros, le taux d’inflation américain se chiffre à environ 1,5 %, en moyenne. Il s’avère donc inférieur à la cible de 2 % depuis presque dix ans.

La Fed a travaillé d’arrache-pied pour que l’inflation atteigne 2 %; autant ne pas songer à la faire grimper plus haut. Que faut-il en comprendre? La conjoncture donne à penser que les taux d’intérêt resteront dans les bas-fonds dans un avenir prévisible. De nombreux membres du comité de la Fed ont même avancé que les taux pourraient demeurer quasi nuls pendant deux, trois, voire quatre ans. De toute évidence, les décideurs seront portés à garder le pied sur l’accélérateur durant une période prolongée si une deuxième vague de COVID-19 nous frappe plus violemment.

Mark Brisley : Changeons un peu de sujet. Je sais que vous suivez les monnaies de près. D’après vous, comment se comporteront le dollar canadien, le dollar américain et les autres devises importantes à vos yeux?

Myles Zyblock : Le dollar américain s’affaiblit, du moins après pondération en fonction des échanges, ce qui a fait couler beaucoup d’encre jusqu’ici en 2020 Il se déprécie par rapport à la monnaie des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. J’entends toutes sortes d’histoires à ce sujet. Par exemple, le billet vert fléchirait parce que le gouvernement américain a moins bien géré la pandémie que ses homologues ou parce que d’autres pays s’en sortent mieux économiquement. Je ne suis vraiment pas d’accord. Le dollar américain est encore considéré comme une monnaie refuge par les spécialistes du domaine. Il s’agit d’une devise importante, tout comme le yen. Quand la conjoncture s’avère plus difficile, les investisseurs ont tendance à faire le plein de billets verts. Grâce à l’engouement qu’il suscite, le dollar américain devrait prendre du galon.

Comme je viens de le mentionner, il a perdu des forces cette année. Des monnaies comme les dollars australien, néo-zélandais et canadien ont gagné du terrain. Je pense que c’est parce que le mouvement de refuge vers la sécurité commence à s’essouffler. Pourquoi? Eh bien, je crois que les stimulants extraordinaires ont quelque chose à y voir.

En effet, tel que nous en avons discuté tantôt, les économies se portent mieux. Les investisseurs, du moins ceux misant sur les devises, acceptent de prendre un risque de change accru et, par le fait même, se tournent vers des « monnaies cycliques » comme le dollar canadien. Je pense que cette tendance continuera à soutenir le huard et d’autres devises de même nature dans les prochains trimestres. Encore une fois, cela suppose que la reprise mondiale se poursuivra, scénario qui devrait se concrétiser à moins de données très surprenantes concernant la pandémie.

Mark Brisley : À la lumière de ce que nous avons discuté jusqu’à présent et de votre point de vue sur les monnaies et les taux, je me dois de vous poser la question suivante : Quelles leçons importantes les investisseurs devraient-ils tirer des turbulences boursières de 2020 et de la situation en général durant cette année sans précédent?

Myles Zyblock : Cette année s’est ajouté à une longue liste de périodes analogues. Elle démontre que l’avenir est hautement incertain. Dans les circonstances, il importe par-dessus tout de s’en tenir à un plan bien défini à long terme. Utiliser une boule de cristal pour prédire les prochains points d’inflexion des marchés peut coûter vraiment plus cher. L’année 2020 nous rappelle que les marchés des capitaux sont volatils, mais qu’ils peuvent aussi rapporter gros au fil du temps. Durant les périodes de chaos, nous devons absolument garder le cap sur nos objectifs de placement à long terme.

Si par exemple les actions font partie de notre plan financier, nous devons les conserver même si nous savons très bien qu’il y aura des moments difficiles. Il en va de même pour les obligations. Là encore, pourquoi est-il si important de rester fidèle à sa stratégie d'investissement? D’après de nombreuses études, on nuit vraiment aux rendements à long terme d’un portefeuille quand on apporte des changements à la répartition de l’actif en effectuant des achats ou des ventes qui souvent ne cadrent pas avec les objectifs.

Grâce à un plan stratégique, on n’a pas à jouer aux devinettes avec les marchés boursiers ou obligataires. Quand on a un plan à long terme sert de guide, on évite d’agir sous le coup de l’émotion.

Mark Brisley : J’aimerais aborder un sujet qui revêt beaucoup d’importance pour vous, la composition de portefeuille à la fois efficace et efficiente, dont je vous sais adepte. Compte tenu de tout ce qui s’est passé cette année, il s’avère maintenant difficile de bâtir un portefeuille, surtout dans le cas d’investisseurs qui cherchent à toucher des revenus. Demander conseils à ce chapitre se révèle donc certainement justifié. Les investisseurs devraient-ils regarder au delà du portefeuille traditionnel renfermant uniquement des actions et des obligations vu le contexte actuel? D’ailleurs, vous avez beaucoup parlé du recours aux placements spécialisés et du fait de s’éloigner de portefeuille traditionnel comportant 60 % d’actions et 40 % de titres à revenu fixe auquel nous sommes habitués depuis de nombreuses années.

Myles Zyblock :  Comme vous le savez, je crois fermement que les actifs spécialisés (ou alternatifs) constituent le troisième pilier d’un portefeuille bien construit. Cependant, on ne peut pas dire avec précision comment les placements spécialisés ont évolué durant les six à neuf derniers mois, et je ne veux pas m’avancer à ce chapitre. L’univers des produits alternatifs liquides est très diversifié. Il englobe tous les titres qui offrent aux investisseurs une liquidité quotidienne et qui ne sont habituellement pas considérés comme des actions ou des obligations. Il peut s’agir d’or, de devises, de positions acheteur-vendeur sur actions… La liste est longue.

Par ailleurs, de nombreux placements prétendument « spécialisés » ne le sont pas, ce qui complique encore plus les choses. En effet, ils se comportent comme les actions et les obligations sur lesquelles les investisseurs misent déjà. Si on veut se servir des actifs alternatifs comme troisième pilier pour renforcer son portefeuille, on doit catégoriser ces placements en fonction de leur comportement. Des produits spécialisés devraient afficher une faible corrélation avec les actions ainsi que les obligations et générer des rendements positifs au fil du temps.

J’estime que les instruments alternatifs représentent un atout pour un portefeuille. Parlons de quelques-uns d’entre eux. Les lingots d’or constituent des actifs spécialisés liquides. Ils ont bondi de 26 % jusqu’ici en 2020. Je ne mentionne pas le métal jaune en raison des conditions difficiles que nous connaissons cette année. Je le cite en exemple, car il présente une corrélation relativement faible avec les actions ainsi que les obligations et son prix a augmenté avec le temps. Il se trouve tout simplement que l’or a gagné beaucoup de terrain.

Les positions acheteur-vendeur sur obligations de sociétés représentent un autre bon exemple. Encore une fois, je ne peux pas passer au crible tous les produits du genre sur le marché, mais je peux affirmer que le Fonds Dynamique qui mise sur de telles positions affiche une faible corrélation avec les catégories d’actif traditionnelles et qu’il a inscrit un rendement d’environ 4,5 % cette année. Il y a d’autres solutions intéressantes, comme les stratégies acheteur-vendeur sur actions. Je ne veux pas discuter de tous les produits spécialisés qui existent, mais seulement de ceux que je connais bien.

Je le répète, l’univers des placements alternatifs est très diversifié. Le Fonds de performance Alpha Dynamique, fonds de positions acheteur-vendeur sur actions bien connu, a reculé d’au plus 4,4 % en 2020, ce qui se compare très favorablement à la dégringolade de 35 % des actions en général. Pourquoi a-t-il réussi un tel exploit? Ce mandat diffère beaucoup d’un fonds boursier traditionnel. À mon avis, les produits spécialisés qui se tirent bien d’affaire cette année sont ceux qui continuent à remplir le rôle qu’ils doivent jouer. Au sein d’un portefeuille, ils constituent une source de rendements non corrélés, c’est-à-dire que leurs résultats ne sont pas liés à ceux des actions ou des obligations. Les placements spécialisés bien structurés ont tendance à suivre leur propre cadence. Il s’avère donc avantageux d’en ajouter dans un portefeuille, surtout dans le contexte actuel, où, par exemple, les obligations génèrent des rendements anémiques et les gens s’inquiètent des évaluations boursières.

Est-ce qu’à mon avis, un investisseur devrait détenir un placement spécialisé ou un panier diversifié d’actifs alternatifs tels que je les ai définis? La réponse est oui, absolument. Je ne pense pas que les actions et les obligations constituent nécessairement des produits à éviter en ce moment, ni que les stratégies spécialisées représentent actuellement des instruments formidables. J’estime qu’un portefeuille devrait comporter en tout temps des produits alternatifs, qui permettent aux rendements non seulement de mieux tenir le coup au sein d’un portefeuille constitué de plusieurs catégories d’actif, mais aussi d’améliorer leur trajectoire au fil du temps. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les caisses de retraite et les fonds de dotation affichent maintenant une participation d’au moins 30 % à ces placements à l’échelle mondiale. Les produits spécialisés qui sont bien structurés constituent, aux côtés des actions et des obligations, un troisième pilier essentiel pour qu’un portefeuille rapporte à long terme.

Mark Brisley : Je suis heureux que vous mentionniez l’emploi des produits spécialités dans l’univers institutionnel, en particulier en ce qui concerne les caisses de retraite. Pour résumer ce que vous venez de dire, l’ajout de produits spécialisés vise vraiment à accroître la diversification d’un portefeuille, à atténuer le risque et réduire les corrélations dans la mesure du possible. Peut-on dire que c'est exactement pour ces raisons que les caisses de retraite et les investisseurs institutionnels les utilisent aussi? Il n'y a donc aucune raison pour qu'un épargnant ne recherche pas la même chose dans le contexte actuel, n’est-ce pas?

Myles Zyblock : Oui, c'est un excellent point. Les caisses de retraite dans l’ensemble  ̶  et je vais juste généraliser un peu  ̶  suivent des directives très strictes et immuables [GC1] quant à ce qu'elles peuvent faire et aux résultats qu'elles doivent générer pour s’acquitter de leurs obligations au titre des prestations projetées. Essentiellement, à l'heure actuelle, les caisses de retraite ont une cible de rendement se situant autour de 7 à 7,5 %. Elles croient que pour atteindre cet objectif à long terme, elles ont besoin d'une part importante de placements spécialisés, qui procurent une source de rendement indépendante des actions et des obligations ainsi qu’une certaine résilience.

Pour établir une analogie avec un moteur de voiture, les placements spécialisés fournissent un cylindre supplémentaire de sorte que si les autres ont des problèmes, les chances d'atteindre sa destination restent assez élevées. Elles investissent donc dans des produits spécialisés pour parvenir à leurs fins.

Mark Brisley : Difficile de vous laisser partir sans vous poser une question sur l’un des sujets du jour, soit bien entendu sur les prochaines élections américaines. Lorsque nous avons planifié cet entretien avec vous, nous ne savions pas qu'il y aurait à ce moment-là un siège vacant à la Cour suprême des États-Unis ni qu’une foule de choses s’accélèreraient à l’approche du 3 novembre. Alors que nous entamons les derniers mois de l’année, comment les investisseurs devraient-ils gérer leurs attentes à l’égard des répercussions de l’élection ou d’autres événements géopolitiques pouvant avoir une incidence sur les marchés?

Myles Zyblock :  Les élections font toujours un bon sujet de conversation, et encore plus lorsqu’il s’agit des élections américaines. En effet, ce qui se passe au sud de la frontière ressemble à un roman-savon. Je ne crois toutefois pas que l’élection devrait influencer de quelque manière que ce soit la gestion de portefeuille.

Nous savons que les élections passées n’ont jamais eu une incidence durable sur les marchés. Bien sûr, une certaine volatilité pourrait survenir dans les jours entourant l’élection, mais à plus long terme, il vaut nettement mieux se concentrer sur les bénéfices. Pensez-y : les candidats des deux côtés de l’arène politique ne débattent pas à savoir s’il faut oui ou non faire des dépenses budgétaires, mais simplement sur la somme à investir. Démocrate ou républicain, le président proposera des stimulants afin d’aider l’économie à se relever de la pandémie.

J’aimerais aussi rappeler une petite leçon que l’histoire nous a enseignée. Revenons en 2016. Si vous cherchez dans Google les articles datant des jours précédant l’élection, vous constaterez que tous les experts prédisaient un effondrement des marchés en cas de victoire de Donald Trump. Or, vers 23 h, je ne me souviens même plus du moment exact, M. Trump a été déclaré gagnant. Comme les parquets étaient fermés, ce sont les bourses asiatiques, où se négocient les contrats à terme sur le marché américain, qui ont encaissé le choc, reculant de quelque 5 %. Le lendemain matin, en début de séance, les parquets se trouvaient de retour au point neutre. Cela dit, il a coulé pas mal d’eau sous les ponts depuis l’élection de 2016.

Donc, il me semble imprudent d’ajuster son portefeuille en fonction de conjectures sur le résultat d’une élection. Je me raviserais uniquement s’il y avait une possibilité que l’élection mène à des changements législatifs risquant concrètement de nuire au bon déroulement du cycle économique. En pareil cas, il faudrait prendre les mesures nécessaires. Toutefois, de la manière dont les choses se présentent, l’issue du scrutin ne devrait pas menacer le cycle.

Bref, je ne crois pas que les investisseurs devraient apporter des changements notables à leur portefeuille en raison d’une élection. Et je ne dis pas cela seulement pour l’élection américaine, mais bien pour toutes les élections, que ce soit au Japon, en Europe, au Canada, et quel qu’en soit le type. En fait, les investisseurs devraient réaliser qu’il ne s’agit que d’un bruit de fond et ne plus y penser. Ils pourront ainsi se concentrer sur des choses plus importantes, comme leur plan stratégique, qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs à long terme.

Mark Brisley : Nos conversations sont toujours intéressantes et très appréciées. Je tiens à vous remercier pour le temps que vous avez passé avec nous aujourd'hui. C'était un plaisir!

Myles Zyblock : Merci beaucoup

Mark Brisley : Merci aussi à tous nos auditeurs. Bref, une bonne partie de ce que Myles a dit se résume au fait qu’il vaut mieux, comme toujours, faire appel à un conseiller financier qualifié.  Merci à tous de votre présence!

Vous venez d’écouter un autre balado On the Money de Fonds Dynamique. Pour en savoir davantage sur Dynamique et sa gamme complète de fonds, communiquez avec votre conseiller financier ou visitez notre site Web à dynamique.ca.

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