PARTICIPANTS
Éric Hallé
Vice-Président régional Est du Canada de Fonds Dynamique
Marc-André Gaudreau
Vice-président et gestionnaire de portefeuille principal
PRESENTATION
Éric Hallé : Vous écoutez On The Money de Fonds Dynamique, une série de balados qui vous donnent accès à certains des gestionnaires de portefeuille les plus aguerris en gestion active, ainsi qu’à des leaders d’opinion dans le domaine de la finance. Lors de nos rencontres, nous posons à nos invités des questions pertinentes, afin de connaître leur point de vue sur la conjoncture et de recueillir leurs conseils sur la manière de composer avec le contexte actuel.
Bienvenue à un autre balado On The Money. Mon nom est Éric Hallé, vice-président régional, Est du Canada, de Fonds Dynamique et j’anime la version française de la série.
Les rendements historiquement bas des titres à revenus fixes traditionnels posent, en ce moment, plusieurs problèmes aux investisseurs, dont trois importants. Le premier : comment remplacer efficacement les revenus que les obligations de sociétés de qualité procuraient par le passé? Le deuxième : comment adapter les portefeuilles pour tenir compte de la perte de protection qu’offraient normalement les obligations lorsque les actifs risqués reculaient? Et finalement : comment protéger les portefeuilles contre les risques de hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ?
Chacun d’eux représente un défi particulier auquel nous devrons faire face en recourant à des solutions différentes que celles que nous avons utilisées au cours des 30 dernières années. Pour nous aider à comprendre ces défis, faire le point sur le marché des titres à revenus fixes et discuter de la façon d’adapter les portefeuilles à l’avenir, j’ai le plaisir d’accueillir Marc-André Gaudreau, vice-président et gestionnaire de portefeuille principal de notre équipe de Crédit spécialisé. Marc-André s’est joint à Dynamique en 2012, pour diriger le groupe de Crédit qui veille sur plus de 6 millions de dollars investis dans diverses catégories d’actifs.
Comptant 24 ans d’expérience, il fait bénéficier ses collègues de ses vastes connaissances et de sa méthode de gestion rigoureuse des actions privilégiées, et des obligations de sociétés de qualité à haut rendement et à taux variable, ainsi que des prêts et des stratégies à rendement absolu. Bonjour Marc-André, nous sommes très heureux de vous avoir parmi nous aujourd’hui.
Marc-André Gaudreau : Bonjour Éric.
Éric Hallé : Entrons directement dans le vif du sujet. Pourquoi avoir choisi le titre Placements à revenu fixe : place à la diversification pour le titre de ton balado?
Marc-André Gaudreau : Donc, comme on le sait Éric, lorsqu’on parle de construction de portefeuille pour satisfaire les besoins des clients à long terme, je pense qu’on a besoin d’un équilibre ou d’une diversification entre l’offensive et la défensive. C’est la raison principale pour laquelle il y a plusieurs investisseurs particuliers, même certains investisseurs institutionnels, qui utilisent un portefeuille équilibré qu’on appellerait 60-40, donc 60 % en actions ordinaires (l’offensive) et 40 % en revenus fixes plus traditionnels (la défensive). Les deux apportent une corrélation négative entre les classes d’actifs, qui fait en sorte que le résultat final est un équilibre pour satisfaire les besoins des investisseurs.
Et au niveau du 40, donc des obligations traditionnelles, je pense qu’il y a deux bénéfices principaux des revenus fixes, le premier est vraiment d’avoir un rendement raisonnable, surtout après impôt et après les frais, et également d’avoir un rendement supérieur à l’inflation. Le deuxième bénéfice, c’est vraiment une protection contre une catastrophe économique. Lorsque le 60, donc le marché des actions, se contracte, souvent parce qu’il y a une récession, les revenus fixes font en sorte qu’on a normalement un gain en capital qui vient estomper l’impact de la récession.
Je dirais que lorsqu’on regarde les faits aujourd’hui, donc dans l’environnement actuel, et qu’on regarde ce qui s’en vient dans le futur, je crois qu’avec l’impact de la pandémie globale en 2020 et où en sont les taux d’intérêt, où les banques centrales dans le monde ont mené les taux d’intérêt, la probabilité d’avoir un bénéfice ou de rencontrer ces deux bénéfices principaux des revenus fixes est assez faible. C’est pour ça qu’on a choisi le titre : Placements à revenu fixe : place à la diversification.
Éric Hallé : Marc-André, il y en a plusieurs qui se questionnent sur l’efficacité du portefeuille, le modèle 60-40, plus précisément sur le 40 en obligations. Plusieurs se disent que la portion obligataire du portefeuille, la portion typiquement plus défensive du portefeuille, n’offrira pas nécessairement la même protection qu’elle a pu offrir par le passé. Je serais curieux de savoir ton opinion sur ça.
Marc-André Gaudreau : Effectivement Éric, je dirais que lorsque le marché de l’équité est à la baisse, c’est habituellement lors d’une récession où les profits futurs des compagnies baissent de façon importante. Et comme tu le sais, habituellement les banques centrales réagissent en abaissant le taux directeur pour tenter de stimuler les consommateurs, d’aider au coût de financement des compagnies et de restimuler l’économie. Puis, éventuellement le marché de l’équité voit ou prend en compte ce stimulus-là, qui arrive au niveau monétaire. Et on utilise des taux d’actualisation des flux financiers, des taux un petit peu plus bas.
Donc, on voit éventuellement que le marché de l’équité se stabilise et que la reprise économique s’en suit. C’est ce qu’on a vu en 2020 lorsque la pandémie a frappé. C’était vraiment inattendu. Les banques centrales dans le monde, et ici je vais regarder plus aux États-Unis, ont réagi de façon extrêmement vive et rapide, et ont ramené les taux d’intérêt, les taux directeurs, de 1,75 % à pratiquement zéro. En plus de ça, ils ont utilisé d’autres outils dans le coffre à outils pour s’assurer qu’il y ait de la liquidité dans les marchés.
Et on a vu des obligations plus gouvernementales de très haute qualité. On a eu des gains en capital. Aux États-Unis je crois, au mois de mars, la hausse de 8 %, et au Canada de 4 %, a fait en sorte qu’on a un petit peu de gains en capital pour assouplir la perte qu’on a vue au niveau de l’équité, qui était plus dans le coin de 30 %. Mais lorsqu’on regarde cette période dans les pays où les taux d’intérêt, les taux directeurs, étaient déjà à zéro ou même négatifs, donc au Japon, en Suisse et en Allemagne, on voit vraiment que les obligations de haute qualité n’ont pas donné de gains en capital.
On a même eu des rendements négatifs. Donc, lorsqu’on regarde ce qui s’en vient en avant de nous, comme vous savez, on est à des taux d’intérêt de zéro en Amérique du Nord, je crois que la probabilité ou le potentiel de gain en capital provenant du 40 %, donc des revenus fixes, dans un scénario où le marché des actions baisse, est juste plus faible. C’est la mathématique. Je dirais, il y a peut-être un autre scénario qui est possible présentement : c’est un scénario où les taux d’intérêt augmentent avec la reprise économique qu’on voit, peut-être une dépression inflationniste également.
Et là, on pourrait voir l’impact négatif sur les taux d’intérêt, mais également, peut-être, le marché de l’équité pourrait avoir une réaction un petit peu plus négative.
Donc, la corrélation négative entre les deux classes d’actif qui était avec nous au cours des 20 dernières années pourrait potentiellement devenir positive. Je pense que les investisseurs doivent être conscients de ça, d’où le point encore de parler de diversification, pas seulement dans les différentes classes d’actifs, mais également dans les revenus fixes.
Éric Hallé : Marc-André, on parle beaucoup d’inflation aux nouvelles, plus spécifiquement des hausses de l’inflation. Est-ce que tu pourrais nous partager tes observations à ce sujet et pourquoi est-ce important qu’on investisse dans des titres à revenus fixes?
Marc-André Gaudreau : Certainement, Éric. En tant qu’investisseur, lorsqu’on regarde les rendements nominaux. Je parlais plus tôt de revenus raisonnables : donc on a nos rendements nominaux. On a un impact d’inflation. Puis, après ça, on arrive avec un taux de rendement qui est net. Donc effectivement, l’inflation joue un grand rôle dans les revenus fixes. Puis, présentement, il y a énormément d’intérêts sur l’inflation.
Est-ce que l’inflation va être avec nous pour plusieurs années? Est-ce que l’inflation va augmenter seulement pour des raisons annuelles? Va-t-on retourner à la tendance à long terme sous les 2 % ou de 2 % ? Très grosse question. Je dirais même que c’est probablement un des risques les plus importants dans les marchés présentement. Puis, lorsqu’on regarde les faits, il y a certains composants de l’inflation qui vont avoir juste un effet annualisé.
Il y a un an, on était vraiment tous à la maison, l’économie était sur pause. Par exemple, le prix de l’essence était extrêmement bas. Si on regarde année sur année, on voit vraiment avec l’économie qui rouvre, on va voir des pressions un petit peu inflationnistes, mais éventuellement ces composantes-là devraient ralentir lorsqu’on va commencer à se comparer à l’été passé et à l’automne prochain. Mais, je crois qu’il y a également un potentiel à plus long terme qui provient de l’impact des stimulus fiscaux qui sont énormes et des politiques monétaires qui sont extrêmement expansionnistes. Après, peut-être aussi les impacts plus fondamentaux de la pandémie, le fait que les gens veulent être plus en banlieue : tout ça va avoir des impacts sur l’inflation.
Je dirais qu’en tant qu’investissement, la probabilité de voir les deux extrêmes au niveau de l’inflation, soit de la déflation ou de l’hyperinflation, a augmenté avec la pandémie, et l’impact et la réponse des gouvernements et des banques centrales également. Si on regarde la probabilité d’avoir beaucoup de déflations, on sait que la démographie, que les gens, avaient des revenus. Si on regarde les avancées technologiques, ça, c’est déflationniste, et surtout comme je vous dis, le montant énorme de dettes dans le système financier, tout ça fait en sorte qu’on pourrait avoir de la déflation.
De l’autre côté, je parlais des déficits, des stimulus fiscaux, c’est incroyable l’impact. La dernière fois qu’on a vu des stimulus fiscaux comme ça, et des déficits, c’était lors des guerres mondiales, de la Deuxième Guerre mondiale : énormément de support et de stimulus au niveau fiscal. Et là, il y a des phénomènes un petit peu bizarres qui se passent depuis l’an passé où, dans une récession globale, les revenus disponibles des ménages sont à la hausse : on n’a jamais vu ça! Ça, c’est vraiment parce que les gens ont accès à de l’aide. Ceux qui ont des problèmes au niveau financier se font aider, et même plus qu’aider, par les gouvernements.
Comme vous le savez, depuis le mois de novembre l’an passé, on a des vaccins qui sont très efficaces et les économies rouvrent, pas tous à la même vitesse, mais les économies ont commencé à s’améliorer, donc les pressions inflationnistes, je crois, vont être avec nous.
J’aime beaucoup regarder les faits et tenter d’utiliser l’histoire comme guide. Il y a quelques semaines, Larry Summers a tenté de comparer le support fiscal aux États-Unis à la récession de 2008-2009 et lorsqu’on regarde ces événements, il y avait vraiment un écart de production économique négatif en 2008-2009 d’à peu près 80 milliards par mois et le stimulus fiscal d’Obama en 2008 a été à peu près de 40 milliards par mois.
C’est donc un support de la moitié de l’écart de production potentiel. Lorsqu’on regarde aujourd’hui, en 2021, l’écart de production économique est de 30 milliards par mois et il se referme de façon importante avec la réouverture. Le stimulus fiscal est présentement de 150 milliards, donc cinq fois plus que le manque à gagner. C’est assez énorme et comme je vous le dis, les gens ont de l’argent dans leurs poches, car les taux d’intérêt sont bas. On pourrait quand même voir des pressions inflationnistes et la discussion au niveau de l’inflation, est extrêmement importante dans le futur, surtout pour les revenus fixes.
Présentement, le marché est en accord avec ce que la FED nous dit, que les pressions inflationnistes vont se résorber cet automne ou l’an prochain, mais on va voir… Quelle est la probabilité que les banques centrales retirent juste au bon moment le stimulus fiscal, sans trop ralentir l’économie ou sans attendre trop longtemps et avoir une surchauffe? Je crois que la probabilité est faible.
Éric Hallé : Très difficile de parler de l’inflation sans aborder le sujet des taux d’intérêt. Si nous entrons dans une période où les taux augmentent, que pourrait être l’impact de celle-ci sur les titres à revenu fixe traditionnels ?
Marc-André Gaudreau : Tel qu’on a parlé tantôt, ça a un impact quand même assez important. Pour les investisseurs qui ont un horizon d’investissements à moyen et à long terme, c’est sûr que des taux d’intérêt plus élevés vont faire en sorte que notre rendement futur, on va être capable de le réinvestir à des taux d’intérêt plus attrayants. C’est une bonne chose, surtout si on a un rendement supérieur à l’inflation.
Ceci étant dit, l’impact ou la transition du positionnement ou des marchés actuels vers des taux d’intérêt plus élevés va être plus difficile. Les compagnies et les gouvernements ont vraiment tiré avantage des taux d’intérêt bas depuis plusieurs années. Ils ont émis beaucoup plus des obligations à moyen et à long terme plutôt que de se financer à court terme. Si on regarde, aujourd’hui, le marché traditionnel à revenu fixe, on va prendre le Canada, une hausse de 1 % des taux d’intérêt n’est pas très élevée. On a vu une légère hausse depuis le début de l’année.
Si les taux augmentent de 1 %, il y a quand même une perte en capital à court terme de 8 %. C’est une volatilité quand même assez élevée pour la portion d’un portefeuille qui est censé être quand même assez stable. C’est vraiment la transition qui peut être un peu difficile. C’est pour ça que je crois que les investisseurs ont deux choix : ils peuvent soit réduire leur espérance de rendement ou leurs hypothèses de rendement, soit regarder pour des solutions alternatives, pour tenter de garder un revenu, tout en ayant une corrélation un petit peu plus faible, avec le 60 et le 40. Je crois que c’est important pour les investisseurs, surtout où on en est présentement, d’avoir une vision un petit plus à long terme.
Éric Hallé : Marc-André, tu as mentionné des stratégies alternatives dans ta dernière réponse. Selon ma compréhension, les investisseurs institutionnels utilisent déjà des alternatives à la construction de portefeuilles. Je serais curieux de connaître ton point de vue sur le sujet.
Marc-André Gaudreau : Effectivement, les grands fonds de pension ont vraiment diversifié leur portefeuille au cours des 20-30 dernières années. Si on regarde le 60-40 ou les classes d’actifs traditionnelles, qui étaient vraiment des actions ordinaires et des revenus fixes, ils ont vraiment diminué. Ils ont diminué les deux côtés, le 60 et le 40. Ils sont allés vers des stratégies et des classes d’actifs que je dirais plus alternatifs. Donc, des classes d’actifs alternatives, on va parler d’immobilier, d’infrastructures et d’agriculture, donc vraiment des classes d’actifs qui gardent leur pouvoir d’achat et qui donnent un rendement qui est quand même assez alléchant.
Également, des stratégies alternatives, dont le crédit et les fonds de couverture. C’est vraiment là que les fonds de pension ont augmenté leur allocation. Tout ce qui s’appelle classe alternative, je dirais qu’aujourd’hui, lorsqu’on parle avec nos gros clients institutionnels, c’est probablement 25 % de leur portefeuille qui est vraiment dans ces classes d’actifs là, qui ont une faible corrélation aux deux autres classes d’actifs. Donc, on vise à améliorer le potentiel de rendement encore de leur portefeuille.
Éric Hallé : Marc-André, je crois que ce serait important pour nos auditeurs de savoir en quoi les solutions liées au crédit sont différentes des titres à revenu fixe traditionnels. Peuvent-elles servir d’outil de diversification dans le contexte actuel?
Marc-André Gaudreau : Effectivement, si on revient à la thèse de base, où on veut avoir quand même un rendement qui est supérieur à l’inflation, c’est certain que le crédit est une piste de solution, peut être un outil pour les investisseurs institutionnels ou les investisseurs particuliers. On peut regarder différents types de crédit. On peut regarder des crédits publics ou des crédits privés. Je dirais quand même une chose aux investisseurs qui regardent le crédit comme une source bénéfique dans la construction portefeuille, je pense que c’est important de favoriser des stratégies ayant une sensibilité aux taux d’intérêt plus faibles, donc vraiment avoir un risque de taux d’intérêt moins élevés. Aussi, peut-être regarder des solutions ou des secteurs qui vont bénéficier au niveau fondamental de la reprise économique, qui est vraiment à notre porte.
Toutes les stratégies de crédit ne vont pas avoir le même bénéfice, donc il faut vraiment se concentrer sur les stratégies à sensibilité basse et également, si on décide d’aller dans les secteurs qui vont bénéficier de la réouverture, je pense que c’est vraiment là où les investisseurs devraient se concentrer pour faire face à ce qu’on croit qui s’en vient : la prochaine vague dans le cycle économique. On parle de la reprise économique et également, de la probable dépression inflationniste. Les banques centrales vont peut-être devoir augmenter leur taux directeur, parce que les besoins de support énormes vont être moins nécessaires au fur et à mesure que l’économie rouvrira.
Éric Hallé : Merci Marc-André. Pourrais-tu nous parler de certaines stratégies appliquées aux 6 milliards de dollars gérés par l’équipe de Crédit et qui, selon toi, répondent particulièrement bien aux besoins de diversification des titres à revenu fixe ?
Marc-André Gaudreau : Éric, je vais vous parler de quatre solutions qui sont gérées par mon équipe, dans lesquelles, effectivement, la sensibilité aux taux d’intérêt est relativement faible et également, qui tirent avantage de la reprise économique. La première solution est vraiment une stratégie alternative que l’équipe a mise sur pied il y a plus de sept ans, qui est un fonds à rendement absolu de Dynamique. Et vraiment, c’est une solution qui a comme objectif d’avoir un rendement annuel au cours d’un cycle économique complet de 5 à 6 %, en ayant une sensibilité aux taux d’intérêt pratiquement nulle et en gardant une cote de crédit moyenne de très haute qualité.
C’est vraiment une stratégie qui est très bien adaptée pour le cycle actuel. Et lorsqu’on regarde la stratégie, quel a été son rendement dans les périodes où les taux d’intérêt ont augmenté depuis 2013, depuis le lancement? C’est vraiment une stratégie qui a un rendement positif de 3 %, lorsque les rendements des obligations traditionnelles auraient eu un rendement négatif d’à peu près 4 %. C’est un petit peu ce qu’on voit en 2021, où les taux d’intérêt qui ont baissé au cours des dernières années n’ont pas eu d’impact sur la stratégie. La stratégie n’a pas bénéficié des taux d’intérêt qui ont baissé, mais ne se fait pas non plus frapper ou pénaliser avec la probabilité grandissante que les taux d’intérêt augmentent. C’est vraiment une stratégie qui est complètement isolée des mouvements de taux d’intérêt.
Aussi, comparativement à nos revenus ou aux obligations traditionnelles, lorsqu’on regarde aujourd’hui qu’est-ce qui s’en vient, le rendement courant de la stratégie est d’à peu près de 4,75 %, avec une sensibilité de taux d’intérêt de point cinq années de durée, tout en ayant une cote de crédit moyenne triple B, donc très haute qualité, comparativement au rendement traditionnel de revenu fixe avec un rendement courant en bas de 2 % et huit années de sensibilité de taux d’intérêt. C’est vraiment une stratégie qui est très liquide, qui a une feuille de route et qui peut amener une diversification.
La deuxième stratégie dont je vais vous parler, c’est un fonds négocié en Bourse, « actif d’obligations croisées ». Je vais utiliser le terme en anglais, « crossover bond fund » ou DXO, sur le Toronto Exchange. Les obligations croisées ou « crossover », c’est vraiment un marché qui est quand même assez « focus ». Ce sont les obligations de qualité triple B, donc la plus basse qualité de ce qu’on appelle « investment grade » et la plus haute qualité des obligations au rendement, donc double B. C’est pour ça qu’on appelle ça « crossover ». C’est comme à cheval sur la ligne, la démarcation, et c’est un produit qui est extrêmement attrayant quand on regarde les « stress testing » historiques. C’est vraiment le meilleur endroit pour réinvestir dans les revenus fixes.
Dans ce sens, c’est là où on a le plus gros rendement par unité de volatilité, que ça soit le risque de taux d’intérêt ou le risque d’écart de crédit, sans avoir de risque de défaut. C’est vraiment une place où c’est très intéressant d’investir. Lorsqu’on regarde les rendements historiques, on a, grosso modo, un rendement total semblable au marché des obligations à haut rendement et au marché de l’équité, mais avec le tiers et moins de volatilité.
Ce produit est, encore une fois, très « niche ». L’équipe gère ça depuis un peu plus que trois ans et lorsqu’on regarde le bénéfice d’avoir cette stratégie-là dans un portefeuille, on croit qu’il est quand même assez intéressant.
La troisième stratégie dont je voulais vous parler, c’est vraiment le Fonds d’obligations à haut rendement Dynamique. C’est un fonds dans lequel mon équipe, avec le support d’équipes de recherche de la firme, identifie des compagnies et des secteurs qui bénéficient de la reprise économique. Et lorsqu’on regarde également la sensibilité du taux d’intérêt, c’est sûr que les obligations à haut rendement sont moins sensibles aux variations.
Lorsqu’on regarde la qualité sous-jacente du secteur, puis on retourne 30 ans en arrière, la qualité de crédit du marché des obligations nord américain à haut rendement n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Ce qu’on a vu en 2020, c’est que lorsqu’il y a eu la récession, il y a quand même plusieurs compagnies qui ont fait défaut. Personne n’était prêt à ne plus avoir de revenus du jour au lendemain. Il y a eu des compagnies triple C qui ont fait défaut. En plus de ça, on a vu des compagnies d’autres qualités (investment grades) se faire décoter et là, aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est que plus de 55 % du marché des obligations à haut rendement a une cote de crédit de double B. Nous, ce qu’on regarde, ce qui s’en vient dans le futur, c’est qu’on croit qu’avec la réouverture de l’économie, on va avoir plein de compagnies qui vont s’améliorer ou qui vont tirer avantage de la reprise économique.
C’est quand même une autre stratégie qui amène une diversification. La quatrième stratégie, c’est vraiment la stratégie des catégories de rendement d’action privilégiée Dynamique, donc c’est le marché canadien des actions privilégiées. Là, on va peut-être rapidement rappeler à tout le monde les forces motrices de la classe d’actifs, qui sont le risque d’une récession, les taux d’intérêt et les facteurs techniques. Comme je l’ai mentionné, le risque d’une récession, selon nous, est très faible, avec un atout semi-fiscal et monétaire et également, les vaccins. On croit que la probabilité d’une récession est très faible.
Dans cette classe d’actifs, contrairement aux autres revenus fixes qui aiment voir des taux d’intérêt plus élevés parce qu’il y a 80 % de la classe d’actifs pour laquelle le « cash-flow » change à chaque cinq ans, ce où sont les taux d’intérêt à court terme sont à des niveaux extrêmement bas, donc la probabilité est plus élevée que les banques centrales les augmentent éventuellement. Ça c’est bien pour cette classe d’actif là, dont les « cash-flows » risquent d’augmenter, et ce qui est unique au Canada, mon dernier point, c’est vraiment les facteurs techniques ou l’offre et la demande. Au Canada, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis ni dans le marché obligataire, c’est vraiment, selon nous, une class actifs qui va diminuer en taille dans le futur.
Les compagnies qui utilisaient ces classes d’actifs là pour aller chercher du capital l’année passée ont maintenant accès à d’autres sources de capital, plus traditionnelles, et on croit que ça peut supporter la classe d’actifs au cours de la prochaine année. Comme je dis, c’est assez unique, mais pour une des rares fois, le marché des actions privilégiées bénéficie du fait que les trois faces motrices pointent dans la même direction. C’est vraiment les quatre solutions que les investisseurs pourraient regarder s’ils décident de diversifier leurs revenus fixes traditionnels.
Éric Hallé : Merci Marc-André. On sait maintenant qu’il est temps de diversifier les titres à revenu fixe. Est-ce que tu pourrais nous expliquer pourquoi les investisseurs devraient privilégier une approche active?
Marc-André Gaudreau : Disons que l’équipe gère des mandats de crédit depuis quelques décennies maintenant. Puis, je crois qu’avec la gestion active dans des classes d’actifs qui sont un petit peu moins liquides, donc les revenus fixes et le crédit, je crois que la probabilité d’avoir une valeur ajoutée en étant actif est plus élevée. Puis, lorsqu’on regarde l’investissement, c’est vraiment la relation risque-rendement. Et lorsqu’on utilise des solutions passives dans les revenus fixes, 100 % de l’évaluation du risque provient des agences de notation. C’est vraiment la qualité de crédit qui dicte s’ils vont faire partie des indices de référence.
Comme vous savez, les agences de notation ne sont pas payées par nous en tant qu’investisseur, elles sont payées par les émetteurs. Lorsqu’on regarde l’expérience fin des années 90 avec les Télécoms et les worldcom de ce monde, lorsqu’on regarde 2007-2008 avec les banques islandaises qui avaient une cote de crédit de triple A, mais ont fait faillite dans l’année qui a suivi… On peut aussi parler des Lehman Brothers. On regarde un petit peu plus tôt en 2020, toute la vague de décote qu’il y a eu au niveau des secteurs frappés le plus fort par la pandémie. Ça amène énormément de vendeurs forcés.
D’où le point d’avoir une gestion active, de faire la recherche indépendante de crédits et d’identifier quels émetteurs vont être capable de se relever, puis de prendre l’autre côté de la transaction des vendeurs forcés. Je crois que c’est très intéressant. C’est une des raisons pour laquelle une gestion active, selon nous, a une probabilité quand même assez élevée de surperformer le passif. Quand on regarde, je parlais tantôt-là des vendeurs forcés avec les décotes qui sont passés d’« investment grade » aux obligations et aux rendements. Lorsqu’on regarde ce qui s’en vient dans la prochaine année, on croit qu’on va voir l’inverse.
On va voir des compagnies qui vont prendre avantage de la reprise économique et qui vont voir leur cote de crédit s‘améliorer, donc retourner dans l’« investment ring » qui va amener encore des acheteurs maintenant forcés. Avoir une position aujourd’hui dans ces obligations-là est très attrayant. Puis, on va probablement les vendre aux passifs ou aux joueurs qui doivent regarder les cotes de crédit pour investir. Donc, c’est vraiment très attrayant d’avoir une gestion active dans les marchés de crédits. C’est pour ça que je crois que la probabilité d’avoir une surperformance est plus élevée dans les revenus fixes.
[musique]
Éric Hallé : Merci, Marc-André, d’avoir partagé tes connaissances avec nous aujourd’hui. Le revenu fixe est un sujet très large qui demande beaucoup de diligence et de conseils. Comme prochaine étape, je vous encourage à discuter avec votre conseiller financier, afin de revoir la portion à revenu fixe de vos portefeuilles. Merci encore et merci à tous nos auditeurs.
À Fonds Dynamique, nous croyons que les conseillers financiers représentent la meilleure source d’informations.
Comme en témoigne notre devise, investir dans les bons conseils, nous encourageons les investisseurs à faire équipe avec un conseiller qualifié. Merci d’avoir été des nôtres, soyez prudents et prenez soin de votre santé.
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