PARTICIPANTS
Tom Dicker
Animateur invité, vice-président et gestionnaire de portefeuille
Steven Hall
Vice-président et gestionnaire de portefeuille
Mark Brisley : Vous êtes sur On The Money de Fonds Dynamique, le podcast qui partage avec vous l’accès, les idées et les perspectives de certains des gestionnaires actifs et leaders d’opinion les plus respectés. Que ce soit les commentaires de marché ou l'analyse économique, jusqu’aux finances personnelles, en passant par l'investissement et bien plus encore, vous allez les trouver sur On The Money parce que quand il s'agit de votre argent, nous couvrons tout.
Tom Dicker : Bienvenue dans cette nouvelle édition de On The Money. Je suis votre hôte, Tom Dicker, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Dynamic Funds. Je suis aujourd’hui en compagnie de mon associé de longue date, Steve Hall, vice-président et gestionnaire de portefeuille dans l’équipe actions et marchandises de Dynamic. Steve, il est chez Dynamic depuis 2013, travaillant sur les petites capitalisations. Il est l'expert en biens de consommation de l'équipe des revenus. Steve a plus de 20 ans d’expérience d’investissement dans le domaine des petites capitalisations, les actions américaines, et les biens de consommation. Il est tout simplement l’une de mes personnes préférées quand je veux parler d’investissement.
Avant d’aborder les opportunités actuelles en petites capitalisations, Steve, est-ce que tu peux t’introduire un peu pour nos auditeurs ? Qu’est-ce qui t’a intéressé dans l'investissement ? As-tu voulu faire carrière dans l'investissement ?
Steven Hall : Merci à toi, Tom. Merci de m’avoir reçu dans le podcast. J’ai espéré qu’avant de répondre à cette question, on pourrait peut-être parler un peu de comment on s’est rencontré, parce qu’en réalité, on s’est rencontré avant que je ne rejoigne Dynamic.
Tom : Je m’en souviens, oui.
Steve : Tom et moi nous sommes rencontrés à environ un kilomètre sous la surface de la terre, en plein Saskatchewan. Ce dont je me souviens le plus de ce voyage c’était la longue descente en ascenseur de la surface au fond de la mine, et nous étions ravis de voir cette potasse dont tout le monde parle. En gros, c’était ce champ géant et vide. Le directeur de la mine qui nous fait faire cette visite nous annonce : « Vous vous demandez probablement où se trouve toute la potasse, mais cette mine est en exploitation depuis plus de 100 ans et bien sûr, la potasse près du puits est la plus pratique pour l’extraction, et toute a été extraite. Nous allons prendre une voiturette de golf pour un voyage de 40 minutes jusqu'à l'endroit où se déroule l'extraction de la potasse aujourd'hui. »
Tom : Oui, c'était tellement surréaliste d’être à sec à plusieurs kilomètres sous terre.
Steve : YTout à fait. Je me rappelle d’avoir pensé que Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont dû se sentir comme ça, parce que c’était vraiment comme sur la lune. C’était vraiment cool. Bien sûr, nous avons gardé contact depuis et devenus amis.
Tom : C’est comme ça qu’on s’est rencontré. Tu étais un investisseur alors, et maintenant, arrête d’éviter la question. Comment t’es-tu intéressé à l’investissement ?
Steve : J’aurais bien aimé pouvoir raconter que j’ai reçu de l’argent pour mon dixième anniversaire, que j’ai investi dans Disney, et que par la suite, j’ai attrapé le virus de l'investissement, mais la vérité c’est que je me suis intéressé à l’investissement bien plus tard, probablement ma dernière année de premier cycle. J’ai étudié l’économie mais j’étais bien plus intéressé par la macroéconomie. Je m’étais intéressé à comment les civilisations se sont améliorées avec le temps, comment le niveau de vie s'est amélioré grâce à la productivité et la technologie.
J’ai découvert que la plupart de mes cours d'économie essayaient seulement d'enseigner la politique. C’était du genre, le gouvernement devrait-il augmenter les taux d'intérêt de 25 points de base ou de 50 points de base ? Doit-il baisser les taux d'intérêt ? Devraient-ils augmenter la masse monétaire ? Très politique, très Keynes contre Milton Friedman. J'ai trouvé ça très ennuyeux. J'ai commencé à réorienter mes cours et à me concentrer davantage sur la finance. J'ai trouvé ça beaucoup plus intéressant.
Je me souviens que ce qui m’a vraiment décidé, c’était le concours organisé par le Toronto Star. A l'époque, on ne l’appelait pas encore comme ça, mais gros c’était une ligue sportive de fantaisie pour le hockey, ça s'appelait Hockey Stocks. En fait, c’était en ligne. En principe, tu obtiens cet argent fictif, disons un million de dollars, et tu peux l'investir dans des équipes de la LNH. Ce n'était pas les joueurs, c'était les équipes. La façon de gagner le concours c’était de collecter le plus de dividendes et tu reçois un dividende si ton équipe gagne un match, tu reçois un dividende. Si ton équipe gagne deux matchs, tu reçois deux dividendes. S'il gagne trois matchs de suite, tu reçois quatre dividendes. S'il gagne quatre matchs de suite, tu reçois huit.
En fait, c’était génial parce que si ça s'était accumulé linéairement, ça aurait été assez ennuyeux. Bien sûr, si l'équipe perd, tu obtiens zéro et tu retournes à la case départ, et ils devaient gagner un match pour obtenir à nouveau un dividende. La stratégie que la plupart des concurrents ont adoptée c’était de trouver toutes ces bonnes équipes qui accumulent des victoires consécutives et aller acheter ces actions. Bien sûr, ce sont les actions les plus chères, n'est-ce pas ?
Tom : La stratégie momentum.
Steve : C’était l’investissement axé sur le momentum, et la plupart le faisait, mais pas tous. Ma stratégie c’était d’attendre qu’une équipe gagne huit ou neuf matchs, et que tout le monde soient sur cette équipe en espérant que ça va leur donner 32 ou 64 dividendes. Puis ils perdent et ça dégringole. Tout le monde essaie juste de s’en sortir et moi, je suis assis là à les rabaisser. Littéralement, ils chutaient de 90% après avoir perdu un match.
Au milieu de la saison, je me suis rendu compte qu'il y avait une poignée d'investisseurs axés sur la valeur comme moi et que nous avions accumulé toutes les actions. En fait, tu te fais remarquer si t’es à plus de 10%. C'était vraiment cool, très en avance sur son temps. Je ne sais plus si j'ai gagné le concours mais c’est sûr que j’ai attrapé le virus.
Tom : Ça, c’est une histoire typique canadienne, entrer dans le monde de l’investissement grâce au hockey. Le hockey est la porte d'entrée de tant de choses ici au Canada. J’aime vraiment ça. J'aime aussi le fait que tu as découvert l'investissement dans la valeur par toi-même, ainsi que certaines des folies de l'investissement axé sur le momentum et du battage médiatique, et comment tout le monde peut s'entasser dans une action ou une équipe lorsque les choses vont bien. C’était quand la première fois que tu as réellement acheté une action ? Quand est-ce que tu as réellement commencé à investir dans des actions réelles ?
Steve : A peu près au même moment, oui. Durant ma dernière année universitaire, aux alentours de Noël, j'ai travaillé dans un centre commercial, dans un kiosque qui vendait des téléphones Fido. Ce n’était pas de la vente. Littéralement, il y avait une énorme file d'attente au kiosque du centre commercial et les gens pouvaient avoir le téléphone A ou le téléphone B. J'ai littéralement pris l'argent des gens. Je pensais découvrir quelque chose que personne d'autre n'avait découvert, c'est que le téléphone portable est un de ces trucs qui vont devenir très populaires.
J’ai perçu cette tendance assez tôt, alors j'ai acheté des actions Microcell, qui était propriétaire de la marque Fido à l'époque. Finalement, Rogers les a achetés et ils font maintenant partie de Rogers. C'était aussi la fin des années 90. On était dans une énorme bulle technologique. C'était une bonne leçon sur ce que Howard Marks appelle réflexion au premier niveau versus réflexion au deuxième niveau. En fin de compte, j'étais très en retard sur cette tendance et, comme la plupart des nouveaux investisseurs, j'ai perdu mes actions.
Tom : Pourquoi ne parlerions-nous pas de cette notion de cette réflexion au premier niveau versus réflexion au deuxième niveau ? Je pense que c’est un concept merveilleux. Tout le monde n’est pas aussi familier que nous avec ce concept. C’est quoi la réflexion au premier et second niveau ?
Steve : Par exemple, c'est comme quand j'essayais d'expliquer aux gens qui me l'ont demandé il y a plusieurs années, « Eh bien, le cannabis est maintenant devenu légal au Canada. » Est-ce bien la réalité ? Cela ne signifie-t-il pas simplement que toutes les actions vont augmenter de prix une fois légalisées ? Ce marché ne fonctionne pas ainsi. Le marché se tourne vers l'avenir. C'est un mécanisme d'actualisation. Vous devez toujours vous demander, lorsque vous achetez une action, quelles attentes sont déjà intégrées dans ce prix ?
Habituellement, toute bonne nouvelle, tout événement futur positif sera déjà actualisé dans l’action. Vous n'allez pas en tirer profit si vous investissez. C'est ce que disait Howard Marks : la réflexion au deuxième niveau, c’est la réflexion de tout le monde, ce à quoi tout le monde s'attendait déjà. Presque comme une propagation sur un match de football. Si Tom Brady joue dans le Super Bowl, vous savez qu'il est le meilleur quart-arrière, c'est meilleur de tous les temps. La question, ce n'est pas si son équipe va gagner ou non, c'est plutôt s'ils vont gagner par 15 points ou 20 points, parce qu'ils peuvent toujours gagner mais seulement par 10 et tu vas perdre ce pari.
Tom : Maintenant, je veux changer un peu de sujet et parler de ce qui pourrait être vraiment pertinent pour certaines personnes qui écoutent aujourd'hui, qui est votre domaine d'expertise, les biens de consommation. De toute évidence, il s’est passé bien des choses par rapport aux consommateurs depuis le Covid, beaucoup de mesures de relance, les taux ont baissé, puis ont beaucoup augmenté. Je pense que les biens de consommation restent un véritable champ de bataille au Canada et aux États-Unis. Que se passe-t-il avec les consommateurs aujourd'hui ? Sur quoi es-tu optimiste ? Où vois-tu des opportunités dans les biens de consommation ?
Steve : Je pense que tout le monde s’attendait à ce que le consommateur se retourne et arrête de dépenser, et que ça va conduire à une récession. On sait que les dépenses de consommation représentent environ deux tiers de l'économie. On a l’expression, ainsi va le consommateur, ainsi va l'économie. Je pense que là où les investisseurs se trompent, c'est qu'ils essaient de considérer le consommateur comme cet agent économique rationnel dont on a entendu parler dans les manuels d'économie. Je pense que vous devez vous débarrasser du manuel d'économie et prendre un exemplaire de Maslow et de sa hiérarchie des besoins et y réfléchir.
Ce qui compte vraiment, c'est la situation de l'emploi pour les consommateurs. Est-ce qu’ils travaillent ? Se sentent-ils en sécurité dans leur travail ? J'ai discuté assez régulièrement avec ce consultant en vente au détail qui travaillait pour les grands magasins May, qui sont maintenant Macy's. Il y a travaillé pendant de nombreuses années et il raconte la belle histoire de comment ils avaient l'habitude de tout faire pour essayer de prévoir les dépenses des consommateurs. À quoi ressembleraient les 9 prochains mois, 15 mois. Ils ont proposé de nombreux modèles de prévision compliqués avec les taux d'intérêt, la confiance des consommateurs, l'inflation, le PIB, les IDA, rien de tout ça n'a marché.
Finalement, ce qui a marché et c'était leur première chose à faire lorsqu'ils sondaient les consommateurs, c'est qu'ils leur posaient trois questions. Avez-vous un emploi ? Pensez-vous que vous aurez un emploi dans un an ? Si vous perdiez votre emploi, pensez-vous que vous pourriez trouver un autre emploi qui paierait aussi bien ? Si on pose ces trois questions aux consommateurs aujourd'hui, la réponse à ces questions serait oui. Ce n'est pas parce que le consommateur a un budget chaque année, et que « l'inflation a augmenté d’autant, donc je dois baisser d’autant », ou qu’il y a encore beaucoup de crédit disponible. Vous pourriez avoir un bon crédit et beaucoup de revenus, mais si vous êtes inquiet pour votre travail, vous arrêtez de dépenser rapidement, les consommateurs vont réduire les dépenses très rapidement.
D'un autre côté, si vous êtes serrés, mais que vous vous sentez toujours bien dans votre travail, alors vous pouvez peut-être emprunter un peu pour acheter cette nouvelle voiture. Pour en revenir chez Maslow, on peut très vite passer de, « je veux acheter une nouvelle voiture », à « je vais arrêter de dépenser car je ne sais pas comment je vais pouvoir nourrir ma famille et payer mon hypothèque. »
Tom : C’est très intéressant que la dernière récession, qui est celle du Covid, soit aussi différente de celle de 2008 par exemple, car les consommateurs ont fini par s'en sortir pendant la récession. C’est tellement différent. Je pense qu’on peut dire que le consommateur se comporte un peu différemment en ce moment parce que les leçons apprises au cours des dernières années n'étaient pas nécessairement les mêmes que celles apprises lors des récessions précédentes.
Peut-être qu’il n’est tout simplement pas sensibles à la hausse des taux, notamment parce qu’il a des économies, mais aussi parce qu’il a l'impression qu'il y aura peut-être de l'argent pour lui s’il perd son emploi, donc il n’a pas besoin de s’inquiéter comme par le passé. Est-ce que tu penses que j’ai raison ?
Steve : Absolument. Une des tendances qu’on constate maintenant c’est le changement dans le domaine de dépense des consommateurs. Durant le Covid, on pensait qu’on ne pouvait pas voyager, on ne pouvait pas aller aux restaurants. L'économie des services a durement souffert. Les gens achetaient des barbecues, des équipements d’exercice, ces catégories sont définitivement en baisse maintenant. Je pense que beaucoup d’investisseurs se tourne vers ces catégories et disent : « Voilà, le consommateur ralentit, il est touché par l'inflation », mais je pense qu’il y avait vraiment beaucoup de poussée.
Maintenant, ils ont leur barbecue, leur Peloton, leur machine d'exercice, ce que les gens veulent maintenant, c'est qu'ils veulent sortir, voyager, retourner au restaurant. Ce sont des dépenses de vengeance et on constate que beaucoup de ces secteurs sont actuellement en bonne santé. Je pense que c'est une erreur de regarder certaines catégories et de dire : « Eh bien, c'est un consommateur faible, ils se rétractent parce qu'ils ne peuvent pas se le permettre, par opposition à ils se rétractent parce qu'ils l'ont déjà. »
Tom : Je pense que c'est une excellente explication de l'évolution du consommateur avant le Covid par rapport au post-Covid. La Chine est un peu en retard par rapport à nous, si on considère que la réouverture aux États-Unis a vraiment commencé, dans certains cas en 2020, et totalement en 2021. Pour le Canada, c’était plutôt 2021, 2022. En Chine, c'est vraiment 2023. Que penses-tu de l'impact sur le marché boursier et les biens de consommation de la réouverture de la Chine ?
Steve : Une des plus belles opportunités maintenant, à mon avis, et nous y investissons en tant qu’équipe, c’est le domaine de l’habillement. En ce moment, il y a beaucoup d'inventaire dans le système et habituellement, c’est une mauvaise chose pour les actions de vêtements. Mais je pense que c'est un peu différent cette fois-ci, pour les raisons que tu as évoquées ; la lenteur de la réouverture de la Chine, des périodes de fermeture continue non seulement pour la demande des consommateurs, mais aussi pour la production de nombreux biens.
En gros, ce qui s'est passé, c'est que les entreprises de vêtements recevaient des livraisons en retard. Alors, ils ont commencé à commander leurs marchandises saisonnières beaucoup plus tôt, et ces contraintes se sont améliorées, les délais d'expédition se sont améliorés. L'inventaire qu’ils espéraient faire en mars pour le printemps, ils l’ont reçu en décembre, et en janvier, de manière inattendue. Les stocks se sont accumulés en raison d'un problème de calendrier d'expédition. Ils ne s’accumulent pas parce que les consommateurs n'achètent pas les produits, ce qui est totalement différent.
Si vous êtes prêt à regarder au-delà de quelques trimestres, car beaucoup de ces entreprises de vêtements ont travaillé sur cet inventaire ou ne l'ont même pas fait, mais le garde seulement pour le moment où il sera vraiment nécessaire. Si le consommateur et la demande reste en bonne santé, et nous pensons que ce sera le cas, ces marges se maintiendront bien mieux qu’habituellement et lorsque vous avez un stock élevé, vous devez faire des remises pour vous en débarrasser.
Tom : Absolument, et c’est le problème quand on a beaucoup trop de stocks, c'est que les remises ont un impact négatif sur les marges. Évidemment, cela va bien au-delà de l’entreprise, n'est-ce pas ? Même si les concurrents effectuent eux aussi des remises, ça va toujours vous nuire, car vous allez retirer des ventes.
Steve : Exactement, et ça nuit à la marque aussi quand c’est en solde. On entend parler beaucoup de l’idée de l’effet volant, n’est-ce pas ? Quand on fait des remises sur des produits, ça change l’image de qualité du produit dans l’esprit des consommateurs, et ils peuvent ne pas vouloir refaire l’achat, n’est-ce pas ? On entre alors dans ce spiral vers le bas, où on fait des remises, puis les concurrents doivent tous faire des remises. On peut entrer alors dans un cercle vicieux et cela va prendre beaucoup plus de temps pour surmonter cela.
Vous avez besoin de vider votre inventaire et de reconstruire votre marque. Nike appellerait ça « entrer dans un marché d'attraction », où on attend que le consommateur retire la demande de votre part plutôt que de lui imposer tout cet inventaire excédentaire.
Tom : On ne veut pas investir dans le domaine vestimentaire dans ce contexte. Pourquoi n’abordons-nous pas plutôt l’effet volant, parce que c'est quelque chose dont toi et moi, nous avons discuté longuement au fil des années. Je pense que le premier qu’on a fait c’était sur Nike, ou plutôt je devrais dire que tu as fait, et que tu l’as apporté à l'équipe. Ensuite, on a essayé de l'appliquer dans beaucoup d'autres domaines parce que c'est une excellente façon de penser au business model. Lorsque je parle d’effet volant pour Nike, je dis toujours que cela commence par de superbes baskets. Peux-tu nous expliquer c’est quoi l’effet volant ?
Steve : Bien sûr, toute entreprise de consommation, qu'elle le sache ou non, est dans un volant d'inertie. C'est un terme qui a été inventé pour la première fois par Jim Collins dans son livre Good to Great, et essentiellement, c'est la façon dont les différents moteurs d'une entreprise se renforcent mutuellement de manière positive ou négative. L'exemple de Nike c’est que Nike fabrique les meilleurs produits, ce qui attire les meilleurs athlètes parce que les meilleurs athlètes veulent porter les meilleurs produits. Nike paie ces athlètes pour approuver les chaussures.
Tous les enfants, ils veulent imiter leurs héros, qui sont les meilleurs athlètes. Ils ne veulent pas porter ce que porte le numéro trois ou le numéro quatre, ils veulent porter ce que porte le numéro un. Ensuite, Nike obtient la meilleure part de marché, ils obtiennent le plus de ventes, le plus de profits, ils ont plus d'argent à réinvestir en R&D, dans le marketing, pour fabriquer le meilleur produit qui attire ensuite les meilleurs athlètes. C'est un cercle vertueux avec lequel il est tout simplement très difficile de rivaliser.
Tom : Excellent. J'ai toujours aimé ça. Avec Nike, c'est très facile à comprendre pour les gens. Je pense qu'il est plus difficile de comprendre comment cela fonctionne avec une entreprise industrielle ou une société de services financiers, mais tout le monde a acheté une paire de chaussures de course. C'est un moyen simple et efficace de comprendre le fonctionnement de l’effet volant. Ensuite, une fois qu’on ouvre notre esprit à cette idée que lorsqu'une entreprise se porte bien, c'est parce qu'il y a un volant d'inertie qui permet d'emmener ce modèle mental dans le monde. Voilà pourquoi j'ai toujours pensé que c'était si brillant, parce que cela nous aide aller d'idée en idée en disant, eh bien, quel est le volant d’inertie ici ? Si vous ne pouvez pas le comprendre, c'est un problème. Soit il n'y en a pas, soit c'est trop difficile pour vous.
Steve : Oui, ou peut-être que ça tourne trop vite ? Ou, que Dieu nous en préserve, est-ce que ça tourne dans le mauvais sens ? Je pense qu'un paradoxe à propos du volant d'inertie, et nous pensons toujours à long terme avec nos investissements, c'est assez souvent lorsque ce volant d'inertie est en vigueur, alors que le fossé s'agrandit, parfois vos marges n'augmentent pas, elles sont plutôt stables ou en baisse. C'est parfois difficile à comprendre pour les investisseurs à court terme.
Tom : Parce qu’on investit dans les fossés.
Steve : On investit dans les fossés. Ces investissements vont rapporter des années et des années plus tard. Alors comme l'histoire de Nike, eh bien, l'une de ces marges va toujours augmenter, mais ils prennent constamment ces bénéfices excédentaires et les réinvestissent dans l'entreprise. Abandonner les marges à court terme pour des gains d'actions à long terme, la croissance de la catégorie. C’est une excellente action sur le long terme.
Je me souviens que la semaine dernière, Home Depot a annoncé qu'ils allaient dépenser un milliard de dollars supplémentaires pour payer davantage leurs employés, pour retenir les talents, pour simplement avoir de meilleurs employés. Le marché boursier n'a pas aimé, les actions ont baissé de 5% ou 6% ce jour-là, parce que les bénéfices de 2023 pourraient ne pas augmenter aussi vite, mais ils étendent leur fossé. Ils deviennent une meilleure entreprise, ils vont écraser leurs concurrents parce qu'ils ont les meilleurs travailleurs, qui vont avoir le meilleur service client. C'est leur volant d’inertie, n’est-ce pas ?
Tom : Tout à fait. Excellente rétention, avoir tous ces employés qui sont en contact avec les clients, qui sont d'autant plus heureux. Tous ceux qui ont visité un Home Depot, vous connaissez la différence par rapport à leurs concurrents. Ils ont plus de personnes sur le terrain qui font des choses en contact avec les clients, et ils sont généralement de meilleure qualité, plus compétents, prêts à prendre le temps avec vous. Alors que vous entrez dans certains de leurs concurrents, vous avez de la chance si vous pouvez même retrouver quelqu'un.
Steve : Oui, ils embauchent des lycéens, alors que Home Depot embauche quelqu'un qui était [diaphonie] à tort dans le secteur de la construction ou qui avait peut-être sa propre entreprise à un moment donné.
Tom : Nous avons un peu parlé des consommateurs, des vêtements. L'autre grand domaine que tu couvres est celui des petites capitalisations. Pourquoi ne pas parler un peu des opportunités dans les petites et moyennes capitalisations en ce moment ?
Steve : C'est intéressant parce que je lisais la lettre de Warren Buffett aux actionnaires qu'il publie chaque année vers ce période, et il a spécifiquement passé du temps dans sa lettre pour parler de deux investissements qu'il a faits au milieu des années 90. L'un était Coca-Cola et l'autre était American Express. Il a expliqué que ces actions étaient essentiellement 10 à 15 fois plus élevées que ce qu'il avait payé pour elles. Je pense que les dividendes qu'il reçoit de Coke représentent maintenant l'équivalent de la moitié de la valeur marchande de son investissement. Cela a tellement haussé.
Ce sont deux grandes actions presque à capitalisation boursière aujourd'hui, mais si on revient à l'époque où Buffett achetait ces actions, et je l'ai fait, elles avaient toutes deux une capitalisation boursière d'environ 15 milliards de dollars. À l'époque, elles étaient beaucoup plus proches des actions à moyenne capitalisation que des actions à grande capitalisation. L'opportunité évidente est simplement que les bonnes sociétés à moyenne capitalisation finissent par devenir des sociétés à grande capitalisation. Je pense aussi qu'il y a une certaine perception erronée, du moins au Canada, selon laquelle les petites ou moyennes entreprises sont synonymes de rendements petits ou moyens.
Si vous détenez un fonds à grande capitalisation au Canada, je déteste vous le dire, mais ces actions sont beaucoup plus proches des moyennes capitalisations que des grandes capitalisations. Il y a 235 actions dans l'indice composite de Toronto. 200 d'entre eux ont une capitalisation boursière inférieure à 12 milliards de dollars américains, ce qui les qualifierait de moyennes capitalisations. Ils seraient beaucoup mieux adaptés au S&P 400, qui est l'indice des moyennes capitalisations. La capitalisation boursière moyenne d'une entreprise du S&P 500 est de 450 milliards de dollars. Je pense que la moyenne est d'environ 30 milliards de dollars au Canada. Si vous êtes déjà à l'aise avec le Canada traditionnel, il n'y a aucune raison pour que vous ne le soyez pas avec les moyennes capitalisations américaines.
Tom : C'est très intéressant. Selon toi, quels sont les avantages qu’on a lorsqu’on a toute une équipe de personnes qui examinent les titres de petite et moyenne capitalisation plutôt que d'essayer de le faire par soi-même ?
Steve : L'une des plus grandes opportunités dans le secteur des petites et moyennes capitalisations c’est tout simplement qu'elles ne sont pas totalement couvertes. Il y a 60 analystes qui couvrent Amazon. Cela va être très difficile d'obtenir beaucoup d'avantages, du moins à court terme, sur une entreprise comme celle-là. Contrairement, beaucoup de sociétés à moyenne capitalisation ont trois ou quatre analystes qui la couvrent, et pour être franc, ce ne sont pas toujours les meilleurs analystes. Il s'agit généralement de l'analyste junior qui vient d'être promu, et ils leur donnent donc les petites actions. Ou ils sont couverts parce que la société de courtage a souscrit l'introduction en bourse et ils doivent la couvrir.
Tom : D'accord. Des relations bancaires.
Steve : Oui, donc ils ne font pas toujours les meilleures recherches. De toute évidence, le fait d'avoir l'équipe de revenu d'actions ayant une expertise d’un kilomètre de large et d’un kilomètre de profondeur dans tous les secteurs nous permet de découvrir de nombreuses opportunités intéressantes dans le domaine des moyennes et petites capitalisations.
Tom : L'une des raisons pour lesquelles les gens aiment les petites et moyennes capitalisations c’est que les grandes capitalisations sont si grandes, comme tu viens de le décrire, elles ont souvent plus de mal à se développer et elles doivent faire des fusions et acquisitions. Est-ce que tu vois ce genre opportunités, d'autant plus que les taux ont légèrement augmenté ?
Steve : Oui. L'une de mes statistiques préférées c’est qu'il y a suffisamment de liquidités dans les bilans du S&P 500 pour payer une prime de 40 % sur chaque société du S&P 400 et la privatiser. Donc il y a beaucoup de liquidités, et ce ne sont que les sociétés ouvertes. Je ne parle même pas du capital-investissement.
Tom : Qui ont plusieurs billions de dollars de--
Steve : Et continuent à collecter des fonds dans cet environnement. Blackstone vient de lever un fonds d'opportunités, KKR a levé un fonds pour les moyennes capitalisations en particulier. J'ai lu un article dans Barron's le mois dernier, et l'un des partenaires de Thoma Bravo, qui est un fonds de capital-investissement technologique, ciblant spécifiquement les petites et moyennes entreprises de logiciels qui sont devenues beaucoup plus abordables à leur avis. Comme tu l’as dit, les grandes capitalisations doivent croître. Chaque grande capitalisation est confrontée à une décision : est-ce que je la fais moi-même ou est-ce que je l'achète ?
Nous savons qu’aujourd’hui, construire des choses est très difficile. On parle d’installation physique ou d'usine, mais construire une équipe de vente est également très difficile. C'est juste difficile d'avoir des gens et du matériel, nous sommes dans un monde où l'offre est très limitée. Si je suis une entreprise à grande capitalisation et que je veux croître, je pense qu'il est tout à fait logique de considérer les petites et moyennes entreprises publiques comme des cibles.
Tom : Je trouve aussi que c’est la réalité, cette idée que l’environnement inflationniste augmente les coûts de financement, évidemment, donc si on a besoin de financer des choses avec DAT, c'est plus cher. Cependant, cela augmente également le coût de remplacement de tout. Qu'il s'agisse de ciment ou d'acier, ou de terres, ou de personnes, ou de propriété intellectuelle, tout a considérablement augmenté de prix au cours des dernières années depuis le Covid, donc des choses qui sont déjà beaucoup plus chères à cause de l'inflation.
Bien sûr, le marché boursier est impatient et ne l’apprécie pas forcément dès le premier jour. Ils ne l'apprécient pas toujours. Alors que les taux d'intérêt ont augmenté, le prix de-- Par exemple, de ce que je couvre, le FPI public peut baisser en ce moment, mais leur prix pour remplacer ce bien immobilier pourrait être considérablement plus élevé car le reconstruire est beaucoup plus coûteux. Je pense aussi que c’est parfaitement logique dans le domaine des petites et moyennes capitalisations. C'est probablement vrai pour tout, des logiciels aux industriels en passant par les sociétés de services financiers.
Steve : Oui. C'est vraiment intéressant parce que je pense que les dernières 10 à 12 années après la grande crise financière, l'asset light était la voie que tout le monde voulait suivre. Avoir trop d'actifs était une mauvaise chose. Nous pourrions être à un point où cela commence à s'inverser. Personne ne voulait d'actifs, mais maintenant il n'y en a plus assez. Il est probable que ces terribles entreprises lourdes en actifs qui ont été ignorées ou rejetées deviennent extrêmement précieuses.
Tom : Steve, c'était un excellent échange. Avant de conclure, peux-tu donner aux auditeurs ton livre numéro un, qui n’est pas un livre sur l’investissement, mais qui les aiderait à devenir de meilleurs investisseurs ?
Steve : Bien sûr. Je dirais que mon livre préféré, qui n’est pas un livre sur l’investissement, et j'essaie de le lire au moins une fois par an, s'appelle Thinking in Systems, de Donella Meadows. Ce n'est pas elle qui a inventé la pensée systémique, mais elle a appris de l'un des grands, un type nommé Jay Forrester qui était professeur au MIT, et elle était étudiante, puis elle a continué à enseigner la pensée systémique à Darmouth. C'est un livre court. C'est un plaisir de lire ce qu'est la pensée systémique. Un système c'est essentiellement tout ce qui est une collection de pièces qui ont des interconnexions et un objectif. Le corps humain est un système, une entreprise est un système, il y a un écosystème.
Essentiellement c’est une façon d'essayer de comprendre un monde complexe. L'une des grandes idées que j'ai tirées de ce livre est de penser à une baignoire. Une baignoire pleine d'eau c'est des actions d'eau. Il y a le débit des robinets, les robinets amènent l'eau. Ensuite, il y a une sortie où l'eau s'écoule. Donna poursuit en expliquant que tout ce à quoi nous prêtons attention dans le monde est le flux. C'est les changements. C'est ce qui fait l'actualité. Ce sont les bénéfices et les ventes d'une entreprise. Ce sont tous des flux. Ce à quoi vous devriez vraiment prêter attention, ce sont les actions, car c'est là que les grands changements se produisent. C'est là que ces changements de régime structurel se produisent lorsque vous avez des changements dans les actions.
Elle a commencé comme écologiste. Elle a écrit un livre intitulé Limits to Growth in the 70s. Elle avait un angle très environnemental, mais je l'utilise comme cadre pour investir. J'ai dit qu'un exemple de flux serait les déclarations de revenus. Un exemple d'actions serait les bilans. Je pense que les investisseurs ne regardent pas suffisamment les bilans. Ça n'a pas d'importance jusqu’à ce que ça en ait. Un autre élément du livre c’est que beaucoup de solutions que nous proposons à des problèmes complexes ne fonctionnent généralement pas. En fait, généralement, cela aggrave le problème.
Lorsque vous comprenez ces problèmes comme de grands systèmes avec des pièces mobiles avec ses propres objectifs et ses propres programmes, vous commencez à penser à des politiques qui sont un peu plus efficaces. J'aime la pensée systémique. J'aurais aimé apprendre ça à l'école. J'aurais aimé qu'ils l'enseignent à l'école primaire. J'aurais aimé qu'ils l'enseignent au lycée. J'aurais aimé que plus de gens lisent ce livre. C'est ma recommandation. Tom, je dois te demander, quel livre qui n’est pas un livre sur l’investissement recommanderais-tu à nos auditeurs ?
Tom : Honnêtement, la plupart d'entre eux sont des livres que tu m’as recommandés parce que [rires] tu es vraiment doué pour identifier ces livres. En fait, j'ai une très grande étagère juste dédiée aux recommandations de livres de Steve Hall que je devrais lire. Je les terminerai un jour. Je serai peut-être à la retraite. Mais je vais recommander un venant d'une de nos collègues, Jennifer Stevenson, qui a recommandé le livre How the World Really Works de Vaclav Schmill. C'est un autre livre qui parle de l'environnement et de l'énergie.
Lorsque vous allez à la station essence et que vous pensez à votre impact sur l'environnement, à la consommation d'énergie des transports, si vous pensez que votre impact énergétique s'arrête là-- En fait, le système est tellement plus compliqué que cela et tout le monde comprend cela. Eh bien, il y a de l'énergie qui est utilisée dans la construction et il doit y avoir de l'énergie qui est utilisée pour m'expédier des choses ou pour me préparer de la nourriture. C'est vraiment époustouflant la quantité d'énergie utilisée dans d’autres endroits que votre réservoir.
Je pense que lorsque vous comprenez ça, ça ouvre votre esprit à cette idée de : « Oh mon Dieu, ce problème de transition énergétique est bien plus important que tout le monde conduisant une Tesla. » C'est bien plus important que ça. Je pense que l'énergie et les combustibles fossiles sont bien plus intégrés que je ne l'apprécie, certainement, et que les médias grand public ne l'apprécient. Je le recommande vivement à tout le monde.
Steve : Exactement. Je pense que son exemple de la tomate et des deux cuillères à café ou cuillères à soupe de diesel qui seraient nécessaires pour apporter cette tomate à votre table de cuisine était époustouflant.
Tom : Absolument. J’ai trouvé aussi. C'est ce moment où on se dit : « Il y a tellement plus de combustibles fossiles dans cette maison que je ne le pensais. » Eh bien, merci encore, Steve. J'apprécie vraiment d’avoir donné de ton temps pour le passer avec nous aujourd'hui. C'était un merveilleux échange, et j’ai hâte pour la prochaine fois.
Steve : C’est toujours un plaisir de parler avec toi, Tom. Merci beaucoup.
Mark Brisley : Vous avez écouté une autre édition de On The Money de Fonds Dynamique. Pour plus d'informations sur Fonds Dynamique et notre gamme complète de fonds gérés activement, veuillez contacter votre conseiller financier ou visiter notre site Web sur dynamique.ca. Merci d'avoir été des nôtres.
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